Pour rappel, l’acronyme Evras utilisé dans certaines interventions relatées ci-après signifie : Education Vie Relationnelle, Affective et Sexuelle.
Un programme d’éducation à généraliser dans les écoles, comme de nombreux parlementaires et ministres le souhaitent depuis de longues années.
Un programme qui est également au menu des déclarations de politique régionale et communautaire.
Je vous renvoie également à ma chronique publiée dans la rubrique « On en parle ».
On sait que la Ministre Marie-Dominique Simonet a choisi de lancer des projets pilotes de cellules « Bien-être » dans les écoles et qu’elle estime que l’éducation sexuelle et affective doit trouver sa place dans le cadre de telles cellules, en fonction des priorités retenues dans les établissements…
Elle s’en est expliquée à plusieurs reprises et notamment en séance plénière du Parlement de la Communauté française du 15 décembre 2010, en réponse à des interpellations de Jacques Morel, Richard Miller, Jean-Luc Crucke et Daniel Senesael.
C'est qu'ils ont appris, quelques jours auparavant, par le journal le Soir, que la Ministre considérait qu’un cours d'éducation à la vie sexuelle et affective était impraticable, prenant ainsi ses distances par rapport à d’autres avis favorables à un l’organisation d’un cours.
En séance plénière du 15 décembre 2010, Daniel Senesael, après avoir reprécisé les enjeux, invite la Ministre à clarifier sa position tout en rappelant qu’en août 2010, les quatre fédérations de centres de planning familial ont conclu que l’éducation sexuelle était un droit et qu’elle devait être inscrite dans le programme scolaire.
Marie-Dominique Simonet : « (…) … les acteurs ne réclament pas un cours ex cathedra. L’organisation de ce cours, en tant que tel, soulève toute une série de problèmes mais je suis favorable à une approche d’animation de l’éducation à la vie sexuelle et affective pour tous à l’école. »
La Ministre fait également référence aux avis et consultations sur ce thème et précise : « Les recommandations sont claires : il ne faut pas limiter l’Evras à quelques animations qui ne font que passer dans l’école et qui interviennent à un moment qui ne correspond pas nécessairement aux attentes de l’élève ; chacun évolue à un rythme qui lui est propre. Il faut plutôt assurer une présence pour que l’élève qui se pose des questions trouve les réponses au moment opportun, auprès d’un adulte, d’un professionnel. »
Marie-Dominique Simonet souligne encore que l’évaluation des projets Evras mis en œuvre dans certaines écoles est en cours et poursuit: « … La qualité du cadre proposé pour les interventions externes en constitue un élément majeur.
En ce qui concerne les modalités de l’Evras – nombre d’heures, niveaux d’enseignement –, le groupe de travail installé conjointement par les gouvernements et qui a été chargé de conduire la mise en oeuvre d’une coopération des entités fédérées et des acteurs pour concrétiser les engagements de généralisation de l’Evras, a considéré que « poser le problème en ces termes enfermerait la problématique, la réduisant à la détermination d’un quota d’heures d’animation, sans les restituer dans une politique globale de promotion de la santé. (...)
Le principe fondateur des cellules de bien-être à l’école est de distinguer et de relier les différents acteurs, de veiller à la cohérence des interventions en articulant celles-ci sur les spécificités de chaque partenaire.
Des actions ponctuelles et thématiques seront poursuivies, mais en tenant compte de leurs limites. Ainsi, le chef d’établissement, accompagné des membres de la cellule de bien-être et, le cas échéant, en partenariat avec un centre de planning familial, pourra proposer aux élèves une politique beaucoup plus globale, ce qui me semble bien plus pertinent.
Dans ces cellules, dont la création est prévue par la déclaration de politique communautaire, les CPMS et les SPSE, en tant que services de première ligne, auront à jouer un rôle moteur. La cellule de bien-être sera composée, sans exclure d’autres partenaires ou personnes ressources, des acteurs de première ligne, qui se concerteront régulièrement pour aider le chef d’établissement à définir les lignes de force de son école. » (…)
Un tel dispositif tient compte des évaluations des projets pilotes, des études menées en matière d’éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle et des recommandations des centres de planning familial. L’objectif est que les animations d’Evras n’interviennent plus de manière ponctuelle, mais dans une approche plus globale s’inscrivant dans la durée. (...)
Par la généralisation de l’Evras, je n’entends pas une systématisation contrainte, mais un soutien, une aide généralisée, qui ait du sens pour les acteurs de terrain, dans le respect de leur rôle et de leur mission. »
Jacques Morel reste quelque peu sceptique : « Je me demande si l’éducation à la vie sexuelle et affective doit être abordée par la même structure qui s’occupe de l’explication de la pyramide alimentaire ou de la prévention des assuétudes.
Tous les jeunes ont le droit de bénéficier de l’Evras. Cela permettrait de replacer, au-delà des aspects que je qualifierais de techniques, cette préoccupation essentielle dans la réalité des adolescents.
Elle ne doit pas nécessairement passer par le filtre des cellules de bien-être. C’est d’un autre ordre, c’est reconnaître que la sexualité fait partie de la vie tout court. »
Un message qui n’a pas été entendu, ce qui ne décourage pas pour autant Jacques Morel qui ne baissera pas les bras pour autant.
Ainsi, en séance plénière du 9 février 2011, Jacques Morel interroge les ministres Fadila laanan et Marie-Dominique Simonet sur « la cohérence entre les projets pilotes de cellules bien-être et la politique d'éducation affective et sexuelle pour tous. »
Jacques Morel (extrait choisi) : « À deux ans et demi de la fin de la législature, le lancement du projet pilote des cellules de bien-être ne risque-t-il pas de retarder la mise en place des modules d’éducation à la vie affective et sexuelle ? Pouvez-vous nous rassurer à ce propos ? »
Réponse de Marie-Dominique Simonet :
« (…) Les cellules de bien-être vont donc se développer à la rentrée prochaine. Ce n’est pas un scoop. Mme Laanan et moi-même, nous nous sommes adressées à tous les établissements scolaires pour lancer un appel à projets pilotes.
Il visera précisément à renforcer l’éducation sexuelle et affective. Il nous reste trois ans et demi pour la mettre en place. »
Au cours de la même séance, les députés Mathieu Daele, Bea Diallo et Daniel Senesael interrogent Marie-Dominique Simonet sur le thème « l'école et la lutte contre l'homophobie ».
Bea Diallo, après avoir rappelé les déclarations de Bernard De Vos dénonçant une très grande rigidité de l’école face à l’homosexualité, souligne que le travail de sensibilisation doit tenir compte « de la diversité culturelle qui caractérise nos écoles » et précise : « En effet, l’homosexualité n’est pas appréhendée de la même façon d’une culture à l’autre. L’association Tels Quels, par exemple, témoigne d’une connaissance spécifique de l’approche de l’homosexualité en fonction du public auquel elle s’adresse. Elle explique notamment ce que dit le Coran sur l’homosexualité – et qu’ignorent souvent les jeunes – pour amorcer le dialogue avec les jeunes d’origine africaine et de culture musulmane.
Une telle approche est-elle prise en compte par la Communauté française ? »
Bea Diallo précise encore sa pensée: « La diversité culturelle, sur laquelle je vous ai déjà interrogée, est très importante. Personnellement, je suis subsaharien musulman. Dans ma culture, l’homosexualité est condamnée mais c’est surtout un sujet tabou. Il est nécessaire de sensibiliser les écoles à forte population d’origine africaine et d’y développer une approche spécifique. »
Daniel Senesael : « (…) On sait que le racisme et la xénophobie naissent notamment de la méconnaissance de l’autre. Il en va de même pour l’homophobie. C’est dans les écoles que nous devons semer les graines de la tolérance et du respect de l’autre. (…)
L’obscurantisme fardé de valeurs religieuses m’inquiète autant qu’un psychologisme sans véritable vision sociologique. »
Et le député socialiste de s’interroger sur le rôle de l’école...
Dans sa réponse, la Ministre fait évidemment le lien avec la problématique de l'éducation affective et sexuelle. Elle rappelle qu'elle n’est favorable ni à un cours à part entière ni à des animations ponctuelles.
Marie-Dominique Simonet rappelle que la politique en matière de bien-être à l’école « doit s’inscrire dans la durée et dans un projet global qui sera modulé selon le contexte et les besoins de l’établissement scolaire, l’âge, le lieu.(…).
Elle indique, à propos des cellules "Bien-être" que "... des collaborations avec des associations comme celles que fédère l’ASBL Arc-en-Ciel peuvent tout à fait être envisagées. (…) »
La Ministre fait également allusion au plan « Pagas » que j'ai déjà évoqué dans une précédente chronique : « En ce qui concerne la violence, notamment homophobe, à l’école, le premier objectif des mesures du plan « Pagas » est de faciliter le travail des acteurs de première ligne (directions, enseignants, éducateurs, équipes des centres PMS et services de santé à l’école), en l’articulant aux interventions des services de deuxième ligne (équipes mobiles et services de la médiation scolaire) et des services extérieurs au monde scolaire (acteurs de la santé, de la jeunesse et de l’aide à la jeunesse par exemple) ainsi qu’aux « métaservices », qui viennent en aide aux services précités sans intervenir directement sur le terrain (observatoires, numéro vert, services de l’administration).
(…). Le personnel prévu par le plan a été engagé et est entré en fonction. (…) Aujourd’hui, le rapport d’évaluation des formations données en 2009-2010 est en cours de rédaction et je ne peux donc vous le présenter. Néanmoins, j’ai expressément demandé qu’il contienne un bilan spécifique sur l’éducation au genre et à la diversité sexuelle, qui doit être transversale à tous les cours organisés par l’Institut de formation en cours de carrière (IFC). »
Dans le cadre de la présente chronique, je n’évoque que des débats au Parlement de la Communauté française. Il y en a eu bien évidemment aussi au Parlement wallon.
Au Parlement wallon, question à la Ministre Eliane Tillieux...
Ainsi en réponse à une question de la Députée Isabelle Meeraeghe, en séance du 8 décembre 2010 de la Commission de l’Action sociale, de la Santé et de l’Egalité des chances, la Ministre Eliane Tillieux, tout en s’étonnant des réserves faites par Marie-Dominique Simonet quant à la généralisation de l’éducation affective et sexuelle, a rappelé sa volonté de généraliser les modules de formation à la vie affective et sexuelle, en particulier, au sein des écoles et le rôle essentiel à réserver aux centres de planning familial…
Au Parlement de la Communauté française, question au Ministre-Président Rudy Demotte
Des divergences de vues ? Il n’en fallait pas plus à Chantal Bertouille pour poser à Rudy Demotte une question intitulée : « Divergence de méthode en matière d’éducation sexuelle et affective entre la Communauté française et la Région wallonne – Besoin d’un conciliateur ? » (Séance du 25 janvier 2011, Commission des Affaires générales).
Chantal Bertouille (extraits) : « Il y a quelques jours, à la lecture des statistiques sur les IVG, les différents acteurs de terrain ont à nouveau demandé que l’Evras soit intégrée directement dans les programmes scolaires sans que le filtre des cellules « bien-être » soit opérationnel au niveau de l’enseignement.
Il semble qu’il y ait une divergence de vues entre la Région wallonne et la Communauté française quant à la mise en place de l’Evras. Quelle est votre position par rapport aux déclarations de Mme Tillieux et de Mme Simonet ? Les déclarations de politique communautaire et régionale sont-elles compatibles ? »
Réponse du Ministre-Président : « Comme vous, j’ai découvert dans la presse les commentaires sur l’impraticabilité des animations Evras faites notamment par la ministre en charge de l’Enseignement. Mais je sais aussi, comme vous, que dans la vie politique, certaines sorties médiatiques ne sont pas nécessairement couvertes par le gouvernement et n’engagent que leurs auteurs. (…)
Sur le fond, j’ai également pris acte des nuances que la ministre Simonet a apportées devant cette assemblée, le 15 décembre dernier. En ce qui concerne la compatibilité des déclarations de politique régionale et de politique communautaire, je puis vous assurer qu’elle est totale. (…)
Ainsi, un groupe de travail a été mis en place, l’an dernier, lors d’une réunion conjointe des gouvernements. Il est coordonné par la ministre Laanan et réunit les ministres Simonet, Tillieux, Huytebroeck et Kir.
Ses missions ont été définies : compléter le cadastre des animations Evras dans le cadre scolaire ; clarifier les missions respectives des divers intervenants ; assurer une information vers les acteurs du secteur sociosanitaire, en ce compris les médecins généralistes ; proposer un cadre opérationnel ainsi qu’un calendrier. »
Une réponse qui n’a pas convaincu Chantal Bertouille quant à la cohérence et l’unité de vues des ministres et gouvernements !
Retour au Parlement wallon, pour la pomme d'Eliane Tillieux
Et Chantal Bertouille s'empresse, tout comme Isabelle Meeraeghe, d’interroger à nouveau la Ministre Eliane Tillieux au Parlement wallon (en séance de la Commission de la Santé, de l’action sociale et de l’Egalité des chances du 15 février 2011) sur ce qui leur apparaît comme des divergences de vues entre la Région wallonne et la Communauté française.
Eliane Tillieux rappelle notamment l’importance du rôle d’information et de sensibilisation des centres de planning familial dans les écoles tout en indiquant qu’il n’y a pas, à son estime, de « changement d’organisation ». Et elle souligne « l’enjeu de ces approches globales (via les cellules « Bien-être ») qui est de savoir comment articuler les modes de fonctionnement du secteur de la santé et du secteur de l’enseignement obligatoire. »
Une réponse consensuelle. Difficile de faire autrement ! Et la Ministre ajoute qu'elle n'a "hélas" pas la possibilité d'imposer dans toutes les écoles la généralisation de l'EVRAS, en raison des compétences de la Communauté française.
On revient au Parlement de la Communauté française, en Commission de la Santé...
Jacques Morel revient à la charge en séance de la commission de la culture, de l'audiovisuel, de l’aide à la presse, du cinéma, de la santé et de l'égalité des chances du 22 février 2000 en interrogeant la Ministre de la Santé, Fadila laanan sur « les suites de la généralisation de l’Evras dans l'ensemble des établissements scolaires en Communauté française ».
Jacques Morel : « (…) Il n’empêche que le lancement des invitations aux réunions d’information pour des projets pilotes de cellules sur le bien-être pèse sur l’agenda d’une mise en oeuvre de l’Evras qui sera finalisé au mieux en 2013-2014. Autrement dit, c’est largement hypothétique.
Faut-il parler de divergences stratégiques ? (...) Le ministre-président Demotte insistait dans sa réponse sur le maintien du cap et la mise en oeuvre des animations d’éducation comme le prévoient les accords de majorité pour tous les établissements scolaires sans distinction.
La ministre de l’Enseignement évoque le libre arbitre laissé aux directions pour déterminer les thèmes prioritaires à aborder dans les cellules sur le bien-être. Ce n’est évidemment pas la même chose, et ce n’est pas l’esprit de la Déclaration de politique communautaire.
Ces constats laissent songeur. (...)
La généralisation fait-elle consensus ? Un agenda est-il arrêté ? Quels acteurs seront impliqués ? Un accord de coopération entre entités est-il en chantier ? Faudra-t-il attendre la fin des expériences pilotes pour implanter l’Evras ? »
Fadila Laanan rappelle que la mise en place de cellules « Bien-être » ne se substitue pas au projet EVRAS et ajoute : « Le groupe de travail a dû traiter deux questions préalables. Tout d’abord, comment créer un dispositif pérenne dans les écoles qui leur permet véritablement d’être outillées pour prendre en charge des questions de société ? C’est une priorité pour ma collègue Simonet. Comment, ensuite, les régions vont-elles gérer l’impact financier de cette mesure, notamment pour le secteur des centres de planning familial ?
Avec la ministre de l’Enseignement obligatoire, nous entendons lors de la prochaine rentrée encourager les écoles à développer des projets d’animation Evras, selon une formule concertée avec les régions et les secteurs concernés, dont les centres de planning familial, mais également les centres PMS et les services PSE. À la suite de ce test, j’espère que nous serons en mesure d’établir l’accord de coopération prévu dans la Déclaration de politique communautaire. »
la Ministre souligne encore : « Il est prématuré de porter sur ce dossier un regard pessimiste. » (Ouf !)
Et de poursuivre : « (...) Nul n’ignore la place privilégiée qu’occupent les centres de planning familial en raison de leur expertise et des services qu’ils peuvent offrir aux jeunes. De même, il serait curieux de ne pas mobiliser les centres PMS et les services PSE. Les missions des uns et des autres sont complémentaires.
Il convient toutefois de laisser la possibilité d’articuler les services et les interventions des uns et des autres sur le terrain en fonction des besoins et des ressources locales. La généralisation de l’Evras nécessite des impulsions politiques mais, comme on l’indique dans la Déclaration de politique communautaire, elle se fera progressivement sur la base d’une adhésion suffisamment forte des acteurs impliqués. »
Une réponse qui ne convainc pas Jacques Morel : « (…) Sommes-nous obligés de lier les cellules de bien-être et le développement des modules à l’Evras ? Jusqu’où doit aller ce lien ?
Ce faisant, ne confond-on pas les moyens et les objectifs ? Je considère que les cellules de bien-être ne sont que des moyens qui viennent s’ajouter à ceux des CPMS et des SPSE. L’Evras n’est pas un moyen, mais bien un objectif. Ne mêle-t-on pas les deux concepts ?
Je m’interroge par ailleurs sur le côté discriminatoire du projet. L’idée est de mettre ces outils à la disposition de tous les établissements scolaires.
Or il existe déjà une discrimination sociale liée au statut des établissements puisque ces dispositifs sont moins développés dans l’enseignement technique et professionnel que dans le général. Je me demande si les projets-pilotes de cellules de bien-être, qui ne pourront pas tous être accompagnés et qui laisseront le libre arbitre aux directions d’écoles, vont rencontrer ce problème de discrimination « spontanée ». »
Et encore au Parlement de la Communauté française, en Commission de l'Education...
Pour n’être pas en reste, Marc Elsen interroge Marie-Dominique Simonet en séance de la Commission de l’Education du 22 février 2011) sur « les cellules « Bien-être » à l’école »
Dans sa réponse, la Ministre évoque, dans le cadre de la mise en place du projet pilote, les rencontres organisées en mars 2011 dans chaque province avec les acteurs de première ligne (chefs d’établissements scolaires, responsables des CPMS et des SPSE).
D’autres rencontres pourront être organisées par la suite, précise la Ministre qui signale que plus de 300 établissements scolaires ont déjà marqué leur intérêt.
En séance de la Commission de la Santé du 15 mars 2011, Sybille de Coster-Bauchau interroge Fadila Laanan sur les « suites données et actions menées dans le cadre du suicide chez les jeunes ».
Sybille de Coster-Bauchau : « (…) Le suicide des jeunes reste-t-il bien la priorité et la pierre angulaire du projet des cellules « bien-être » ou sera-t-il noyé dans les divers problèmes rencontrés par les jeunes ? Je rappelle qu’en Belgique, un suicide de jeune a lieu tous les deux jours ; ce chiffre alarmant ne peut nous laisser de marbre. »
La Ministre rappelle que la mise en place des cellules « Bien-être » est cofinancée par les départements communautaires de l’enseignement et de la santé de la Communauté française à hauteur de 520 000 euros, un montant « qui couvrira le travail d’accompagnement des opérateurs de terrain compétents et soutiendra la mise en place de cellules. »
Et elle ajoute : « … la prévention du suicide peut constituer un axe prioritaire s’il est reconnu comme tel par une cellule 'bien-être'. »
La Ministre précise encore que deux groupes de travail (« constitué de partenaires de terrain : un membre du service PSE, d’un centre PMS, de l’école, de la jeunesse et de l’aide à la jeunesse ») planchent sur deux objectifs : « Le premier objectif, plus général, vise à mettre en place des bonnes pratiques et des dispositifs de prévention universelle et sélective qui correspondent aux besoins et réalités de terrain. Le s second, plus opérationnel, consiste en la transmission des propositions concrètes sur la base de recommandations des experts. »
Sybille de Coster-Bauchau revient à la charge en séance de la Commission de l’Education du 29 mars 2011 et interroge Marie-Dominique Simonet: « La prévention du suicide chez les jeunes reste-t- elle une priorité, voire la pierre angulaire du projet des cellules « bien-être » ? Je rappelle qu’en Belgique, un jeune se suicide tous les deux jours... »
La Ministre: « (...) La prévention du suicide chez les jeunes ne sera ni une priorité ni la pierre angulaire des cellules « bien-être » puisqu’il s’agit d’intégrer chaque thématique dans une approche globale.
Cette question ne sera pas pour autant noyée dans toute une série de problèmes rencontrés par les jeunes. Au contraire, la prise en charge sera centrée sur la personne dans toutes ses dimensions (relationnelle, affective, sociale, intellectuelle, émotionnelle.. . ).
La plupart des jeunes qui songent au suicide ont d’autres problèmes (décrochage scolaire, manque d’attention, etc.) qu’il faut détecter et traiter pour éviter une issue dramatique. C’est d’ailleurs ce que recommandent les experts en prévention du suicide. »
Marie-Dominique Simonet fait également le point, dans sa réponse, sur l'état d'avancement du projet de cellules « Bien-être ».
En séance de la Commission de l'Enseignement supérieur du 25 janvier 2011, André du Bus de Warnaffe interroge Jean-Claude Marcourt, Ministre de l’Enseignement supérieur sur le thème « Formation initiale des enseignants et IVG".
Le Député rappelle que dans son rapport du 9 septembre 2010, que la Commission nationale d’évaluation de la loi du 3 avril 1990 relative à l’interruption de grossesse, estime qu’« une information spécialisée ainsi qu’une éducation appropriée sont donc indispensables, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du milieu scolaire, pour apprendre aux jeunes à appréhender convenablement les relations affectives et sexuelles ainsi que leur fécondité. »
La Commission souhaite également l’intégration de l’éducation sexuelle et relationnelle dans les programmes de formation des futurs enseignants…
André du Bus de Warnaffe interroge le Ministre : « La suggestion de la Commission, visant à intégrer dans le programme de formation initiale des enseignants les questions relatives à la vie sexuelle et affective, a-t-elle été appliquée ? Dans la négative, est-il envisageable de la mettre en oeuvre ? »
Réponse de Jean-Claude Marcourt : « La question relative à la formation initiale des enseignants est très importante. Une évaluation aura lieu en 2011. Les programmes de cours de la formation en trois ans sont déjà extrêmement chargés. Dans cette commission, nous avons déjà abordé les problèmes de dyslexie, de l’apprentissage du français, de la culture familiale, de l’initiation à la vie relationnelle, affective et sexuelle.
Nous pourrions aborder l’égalité entre les hommes et les femmes, les discriminations, la maltraitance intra ou extrafamiliale, la sensibilisation au sida, tous thèmes auxquels les enseignants doivent être formés pour répondre de manière adéquate aux jeunes. Il faut aussi savoir que ceux-ci ont accès via l’internet à des savoirs auxquels nous n’avions pas accès de notre temps.
Tous les acteurs concernés, le Conseil de la jeunesse, la Fédération des associations de parents de l’enseignement officiel, l’Université des femmes, la Fédération laïque des Centres de planning familial réfléchissent à cette question. Des études ont été menées, notamment par l’Organisation mondiale de la santé, l’UCL et l’ULB. Nous pouvons aussi nous référer à des organismes comme les Centres de planning familial, les services de promotion de la santé à l’école, les Centres PMS et d’autres. »
Le Ministre indique encore qu’il est favorable à la généralisation en milieu scolaire des animations relatives à la vie relationnelle, affective et sexuelle et ajoute : « Une évaluation est actuellement en cours. Même si je défends la loi sur l’IVG qui pourrait d’ailleurs être améliorée, il est clair que l’IVG n’est pas un acte anodin, on n’en ressort pas indemne. Tout doit être mis en oeuvre afin d’éviter aux adolescentes et aux jeunes adultes de recourir à l’interruption de grossesse. »
Et Jean-Claude Marcourt de s’interroger sur le rôle de l’école : « Question fondamentale : Quel est le rôle de l’école ? Doit-elle s’occuper de tout ?
Le débat sur le contenu de la formation initiale des maîtres nous obligera à réfléchir sur le rôle des enseignants à l’école. Avec le temps, la responsabilité de la prise en charge des enfants a progressivement glissé de la sphère familiale vers les autorités publiques qui gèrent les questions scolaires ou l’accompagnement du jeune en recherche d’un emploi, comme le Forem ou Actiris.
L’évaluation doit mettre en lumière les actions à mener, mais l’école ne peut tout assumer. Je sais que ma réflexion dépasse votre question. La problématique de l’IVG et des précautions à prendre lors de rapports sexuels doit être soulevée à l’école. C’est une question dont l’école ne peut faire l’économie. »
(La question de l'IVG est revenue à l'ordre du jour en commission plénière du Parlement de la Communauté française le 23 février 2011. Je reviendrai sur ce débat)
Il y a beaucoup d'enseignements à tirer de ce carroussel... Je vous renvoie à mon article publié dans la rubrique "On en parle".
J. Gennen, 02/04/2011
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