Vous êtes des milliers (bon, j'exagère...) à regretter que mon site ne soit plus mis à jour depuis des mois...
Le site lachroniqueparlementaire.be reste sur le Net mais sans nouvelles publications. Je poursuivrai bientôt mes petites chroniques, au gré de mes humeurs, sur un nouveau site.
Je profite de cette occasion pour saluer la mémoire de François Perin, un "agitateur d'idées" pour reprendre l'expression de Paul Piret qui, dans la Libre Belgique du 30 septembre 2013, retrace avec beaucoup d'élégance et d'à-propos le parcours complexe d'un grand défenseur du fédéralisme.
Je passerai sur ses grands écarts politiques et sur sa présence sur la liste du Rassemblement Wallonie France aux élections provinciales de Liège en 2006 pour ne retenir ici que son combat pour une Belgique fédérale, un combat qui a également été le mien...
(Sur cette vieille photo argentique retrouvée au fond d'un tiroir, François Perin et le sénateur Volksunie Maurits Van Haegendoren à Vielsalm, en 1969 ou 1970. Au milieu, c'est moi, près de mes vingt ans...)
Le 30 septembre 2013, levif.be a publié la préface rédigée par François Perin pour le livre de Jules Gheude : « Lettre à un ami français – De la disparition de la Belgique » (Mon Petit Editeur, Paris, 2013). La voici.
" Dès l’adolescence, j’ai pris conscience, avec quelques condisciples de l’Athénée de Liège 1, de l’inconsistance de la Belgique, union contre nature imposée par l’Angleterre pour se prémunir contre son ennemi héréditaire français. Ainsi que le rappelle Jules Gheude, Talleyrand ne croyait pas aux chances de viabilité de cette construction artificielle, née d’un trait de plume diplomatique : Deux cents protocoles n’en feront jamais une nation ; cette Belgique ne sera jamais un pays : cela ne peut tenir.
Une prophétie qui, aujourd’hui, se trouve largement confortée par la réalité.
J’ai personnellement cru qu’une réforme institutionnelle de type fédéral serait de nature à garantir la cohabitation paisible des deux grandes communautés du pays et je me suis investi politiquement dans ce sens.
Mais j’ai compris très vite que le fédéralisme, que nous considérions, nous les francophones, comme un aboutissement, n’était pour les Flamands qu’un moyen de progresser plus vite sur la voie de l’indépendance.
J’en ai tiré la conclusion en démissionnant de la fonction sénatoriale, le 26 mai 1980 : la Belgique était irrémédiablement minée par le nationalisme flamand.
33 ans plus tard, jour pour jour, le Baromètre politique La Libre/RTBF/Dedicated nous révèle que la N-VA, le Vlaams Belang et la Lijst Dedecker totalisent 47,5% des intentions de vote en Flandre. Et je sais, pour les avoir abondamment fréquentés, que les démocrates-chrétiens et les libéraux flamands ne sont pas en reste dès qu’il s’agit de défendre les intérêts fondamentaux du Nord.
Les Editions Legrain ont publié, en 1988, mon « Histoire d’une nation introuvable ».
Si la nation belge m’apparaît inexistante, j’ai assisté, par contre, à la lente éclosion de la nation flamande. Une nation qui, aujourd’hui, existe bel et bien, comme le confirme d’ailleurs le préambule de la Charte flamande, adoptée, il y a deux ans, par un Parlement flamand unanime.
Cette évolution, les élites francophones se refusent à l’admettre. Tout se passe pour eux comme si la Belgique devait connaître une vie éternelle.
Or, l’option confédéraliste, qu’une très large majorité flamande prône depuis 1999, n’est, comme l’a été le fédéralisme, qu’une nouvelle étape pour accéder finalement à l’autonomie complète de la Flandre."
A l'heure de la 6e réforme de l'Etat et de l'accord de la Sainte-Emilie sur l'exercice par les Régions des nouvelles compétences transférées par l'Etat, je ne ferai pas mienne la vision pessimiste de François Perin quant à l'avenir de la Belgique. Quoique...
Jacques Gennen, 2 octobre 2013
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