De « Tout feu, tout femme » à la journée internationale des femmes…

Jacques Gennen

De « Tout feu, tout femme »…

C’est l’histoire de femmes qui préparent leur plaidoirie devant le Conseil communal en faveur de la reconstitution historique du procès et de la disparition da la dernière sorcière, Jeanne, condamnée injustement et brulée…

Elles s’emballent très vite, s’identifient à Jeanne et font éclater leurs désirs, leurs manques, leurs frustrations et leurs aspirations.

Leur regard critique et acerbe va bien au-delà de l’époque de Jeanne et se penche sur la condition de la femme, avec beaucoup d’humour, de truculence et d’esprit.

Certes, rien à voir avec le mouvement des Femen mais on ne leur en demandait pas tant…

Au départ d’improvisations, les comédiennes Caroline Lambert, Anne Beaupain et Barbara Borguet ont écrit, avec Eric de Staercke (qui a également assuré la mise en scène), les textes de leur spectacle. Un spectacle qui a enthousiasmé le public amassé dans la salle du Centre culturel de Trois-Ponts, ce vendredi 29 mars 2013.

C’est une production du Théâtre loyal du Trac et de Kadriculture.


(De gauche à droite, Barbara Borguet, Caroline Lambert et Anne Beaupain, trois comédiennes déchaînées… Photo De Munck)

… à la journée internationale des femmes

Mais si je vous parle de cette belle soirée théâtrale, c’est aussi pour vous emballer un peu mon sujet et revenir sur la journée internationale des femmes. C’était le 8 mars. D’accord, je ne suis pas en avance…

Ce qui m’a relancé sur le sujet, c’est une lecture récente, il y a quelques jours. Dans une salle d’attente, que lire sans journal sous la main ? Dans la masse des revues, j’ai choisi un numéro de Femmes d’aujourd’hui.

Bien m’en a pris ! J’y ai lu avec intérêt l’interview de notre premier ministre à l’occasion de la journée internationale de la femme. Il y évoque brièvement la condition de nombreuses femmes : « … les chiffres montrent que parmi les plus précarisés, il y a une majorité de femmes. En faisant en sorte de préserver les bas salaires et de ne pas altérer les conditions sociales des plus vulnérables, nous veillerons de manière attentive à leur sort. C’est déjà une façon d’œuvrer à l’égalité homme/femme ».

Elio quitte rapidement ce terrain un peu miné pour évoquer son objectif d’égalité totale, son bonheur d’être entouré de collaboratrices compétentes, sa volonté de pousser des femmes en politique…  Il rappelle ce qu’il doit à sa maman et dénonce la violence envers les femmes et le sexisme…

Rien à redire évidemment… C’est un beau témoignage…

Et sans doute ne pouvait-on pas lui demander de critiquer et regretter les mesures gouvernementales qui pénalisent de nombreuses femmes dans l’accès au crédit-temps, dans le calcul de leur pension et dans le montant de leurs allocations de chômage…

La crise, les femmes et les mesures gouvernementales

On sait que la crise accroît les inégalités sociales, que les familles monoparentales sont particulièrement touchées par l’augmentation des risques de pauvreté (comme le confirme encore, si besoin est, une enquête européenne sur les revenus et les conditions de vie) et que bon nombre d’entre elles cumulent les difficultés (travail à temps partiel, difficultés d’accès aux services collectifs et à un bon logement, etc.).

Les organisations syndicales ont dénoncé les effets d’une dégressivité accrue des allocations de chômage qui va pousser des chômeurs et chômeuses à accepter des emplois de mauvaise qualité, accentuant la concurrence sur le marché du travail et accélérant la dégradation des conditions de travail. 

(Christine Mahy, secrétaire générale du Réseau Wallon de Lutte contre la Pauvreté et présidente du Réseau Belge de Lutte contre la Pauvreté en connaît un bout à propos de l'augmentation des inégalités et des conséquences de la crise sur la situation de nombreuses femmes. On la voit ici au premier rang de la manifestation du 21 février 2013 contre l'austérité)

Des mesures qui vont toucher bien plus de femmes que d’hommes et qui auraient été plus dures encore sans la vigilance et les manifestations des organisations syndicales !

Il est vrai aussi que sans le PS, il aurait sans doute fallu avaler bien pire, y compris la suppression de l’indexation !

Les inégalités fondées sur le genre ont la vie dure !

Et puis, il y a toujours les inégalités de rémunération, le plafond de verre et la permanence des stéréotypes sexistes…

La ministre Fadila Laanan a rappelé en séance de commission parlementaire les initiatives prises au niveau de la Communauté française (enfin, la Fédération Wallonie-Bruxelles ;  décidément, je ne m’y ferai jamais…). C’était le 12 mars 2013 (je vous renvoie au lien figurant au bas de mon édito…).

Il y a encore du pain sur la planche… que ce soit pour combattre le sexisme dans les manuels scolaires ou pour en terminer avec les inégalités d’accès à certaines fonctions et responsabilités.

Fadila Laanan a également souligné dans son intervention au Parlement l’inégalité dans les médias et dans les parcours académiques. Ainsi, dans le monde universitaire francophone belge, la féminisation de la population étudiante ne se traduit pas par une hausse du pourcentage de femmes aux échelons les plus élevés de la carrière académique et dans les organes décisionnels.

Mais la discrimination fondée sur le genre se retrouve aussi, comme chacun sait, dans le clivage des charges et des professions.

La ministre wallonne de l’Action sociale, de la Santé et de l’Egalité des chances, Eliane Tillieux,  poursuit la mise en œuvre de son plan global et transversal « Egalité » qui comporte plus de 100 mesures concernant les différents départements ministériels. Elle soutient des projets concrets comme « Femmes et secteur de la construction ».

Eliane Tillieux a obtenu récemment un accord gouvernemental sur une représentation des genres plus équilibrée dans les conseils d’administration des associations et organismes agréés par la Wallonie et la Fédération Wallonie-Bruxelles.

Les violences contre les femmes

Je vous renvoie également aux liens ci-dessous pour découvrir quelques aspects significatifs de l’action ministérielle et militante d’Eliane Tilieux en faveur de l’égalité et de la lutte contre les violences conjugales.

Le 15 mars 2013, plus de 130 Etats siégeant à la Commission de la condition de la femme ont adopté un accord portant sur « l'élimination et la prévention de toutes les formes de violence contre les femmes et les filles », exhortant les gouvernements à traduire en actes concrets les engagements pris en vertu de ce document.

Encore faut-il que cet accord soit suivi d’effets. Les idées progressent. C’est déjà ça, mais on est loin du compte : l’urgence est criante au moment où les droits des femmes régressent dans certains pays…

Et il faut encore rappeler que si le droit peut aider, il ne suffit pas à réaliser l’égalité de fait d’autant plus que certains stéréotypes ont la vie dure.

Ah, l’intuition féminine !

L’intuition aurait un sexe…

C’est que, selon Brigitte Chanoine, rectrice de l’ICHEC, la haute école de management de Bruxelles, « … nous sommes complémentaires. Il faut pouvoir compter sur les qualités d’intuition et de communication des femmes ; mais aussi sur les qualités d’objectivisation et de rationalité des hommes. »  (La Libre Belgique du vendredi 8 mars 2013)

De quoi faire avaler sa plume ou sa souris à Paul Laurendeau qui sur le blog les7duquebec.org relevait, non sans humour, sept stéréotypes sexistes tombés en désuétude parmi lesquels l’intuition féminine !

Oui, il y a encore du boulot !

Dans mon édito de mars 2012 consacré également à la journée internationale des femmes, j’évoquais les espoirs suscités par le printemps arabe. Le vœu que je formulais à cette occasion ne s’est guère traduit dans les faits…

J.G. 8 avril 2013

Pour en savoir plus sur le spectacle « Tout feu, tout femme » : Tél. 02/548 25 70 office@lesrichesclaires.be

Quelques liens:

La Wallonie, Eliane Tillieux et les violences conjugales

Les propositions d’Eliane Tillieux à l’occasion de la journée internationale des femmes 2013

Mon édito de 2012 sur le même thème

Paul Laurendeau et l’intuition féminine

L'intervention de Fadila Laanan au Parlement de la Communauté française à propos de l'égalité des chances (12 mars 2013)


Photo du moment

Agenda

  • 07-04-2013

    C’était le dimanche 7 avril 2013. Jean Maquoi, le frère du docteur Luc Maquoi à l’origine du Centre Médical Héliporté de Bra-sur-Lienne, ne cachait pas sa joie et son émotion : le soleil et près de 2000 personnes avaient répondu à l’invitation de son comité organisateur.

    Plus de 850 repas ont été servis à cette occasion !

    Jean Maquoi et son équipe peuvent compter sur 130 bénévoles, sur la collaboration des pompiers de Hamoir et de la police fédérale de même que sur l’aide d’entreprises de transport et d’autres firmes de la région.

    L’intégralité des bénéfices de cette belle manifestation est versée au CMH de Bra-sur-Lienne.

  • 04-01-2013 - 30-01-2013

    Le CMH de Bra-sur-Lienne a les honneurs d’une exposition photographique « Au coeur d’une zone rouge », à la Maison du Tourisme du Pays de Herve.

    On peut y admirer les superbes photos réalisées par Valentin Bianchi lors d’interventions réelles du CMH (en 2012, le CMH est intervenu plus de1000 fois !).

    Excellente idée que cette belle exposition car elle fait vivre au quotidien et sur le terrain les interventions d’un trio de choc : le médecin spécialiste, l’infirmier spécialisé en aide médicale urgente ainsi que le pilote de l’hélico.

A votre bonne attention

  • Voici quelques informations communiquées par le CMH de Bra-sur-Lienne.

    Trois interventions héliportées par jour !

    Au cours de l’année 2012, le Centre Médical Héliporté de Bra-sur-Lienne a réalisé 1028  missions par hélicoptère à la demande du 112.

    Pour la seconde année  consécutive, le CMH dépasse le seuil des 1000 interventions héliportées. Cette donnée confirme la place de l’hélicoptère dans les moyens de secours disponibles en Belgique.

  • Le best-seller surprise qui secoue la Flandre enfin traduit en français

    « Comment osent-ils ? La crise, l’euro et le grand hold-up » de Peter MERTENS (président du PTB) en collaboration avec David Pestieau, avec une préface de Dimitri Verhulst (Auteur de La merditude des choses). Quelques syndicalistes l’ont déjà lu et vous le recommandent.

    « Peter Mertens, comme nous, a raison de s’étrangler d’indignation dans son livre sur “La crise, l’euro et le grand hold-up”. (…) Oubliés le sauvetage des banques, les causes de l’endettement et de la crise. Ils ont réussi a retourner la situation et ils essaient maintenant de nous convaincre que tout cela, c’est notre faute : on gagne “trop”, notre sécu est “trop généreuse”, nos pensions “impayables”, nos services publics “pléthoriques”, nos chômeurs “paresseux”. (…)

  • Je lis sur ma page d’accueil Facebook les témoignages de Renée Gaspard, Patrick Davin, Gaston Blanchy, Jean-Claude Marcourt, Jean-Pierre Alexandre, Nathalie Bailly, André Brunelle, Christelle Thomas et de tant d’autres.

    Que dire encore ? Nos pauvres mots ne peuvent pas suffire devant ce terrible drame et tant de souffrance…

    Nous ne pouvons qu’exprimer notre révolte mais aussi notre empathie, notre solidarité. Au moins, elles n’ont pas de frontière même linguistique !
    J.G., 14 mars 2012

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