On sait qu’un protocole conclu le 03 novembre 2008 entre l’Etat fédéral et les Communautés porte sur l’augmentation de nouvelles places d’accueil en centres fermés pour mineurs délinquants.
50 places sont prévues à Saint-Hubert. Cette problématique a été évoquée en Commission de la Jeunesse et de l’Aide à la Jeunesse par Marc ELSEN qui a interrogé Evelyne HUYTEBROECK sur « la situation des centres fédéraux fermés pour jeunes ayant commis ou soupçonnés d’avoir commis des faits qualifiés d’infraction ».
Le point de vue critique de la Ministre
Evelyne HUYTEBROECK s’est montrée critique vis-à-vis de ce protocole (on sait que, fort heureusement, « l’enfermement n’est pas son credo », comme elle le dit) et du choix de Saint-Hubert …
La Ministre: « Monsieur ELSEN a évoqué la difficulté pour un grand nombre de familles d’arriver à Saint-Hubert. En fait, les juges, les avocats, les délégués du SPJ et les autres professionnels amenés à se rendre dans ce centre fédéral sont confrontés au même problème. Je pense qu’une réflexion approfondie aurait dû précéder le choix de ce centre dans les Ardennes (…). A l’évidence, l’éloignement du centre fédéral rendra plus coûteux le travail des assistants sociaux qui vont visiter les familles, je le déplore. On pourrait multiplier les exemples, d’autant que les arrondissements judiciaires de Bruxelles et du Hainaut seront certainement de grands pourvoyeurs du centre. Toutes les solutions que l’on pourrait imaginer ne seront qu’emplâtre sur une jambe de bois. La Communauté française devra assumer les conséquences d’un choix que j’estime hasardeux ».
La Ligue des droits de l’homme et l’augmentation des places en centres fermés
La Ligue des Droits de l’homme s’est montrée également très critique dans une carte blanche publiée dans Le Soir du 25 juin 2009 à l’égard du choix de Saint-Hubert et elle a rappelé son unité de vues avec l’Union francophone des magistrats de la Jeunesse. Voici un extrait de cette carte blanche : « Selon le protocole d'accord conclu entre le Fédéral et les Communautés, cette augmentation de places en centre fermé entend répondre, d'une part, à une demande expressément formulée par les juges de la jeunesse et, d'autre part, aux constats selon lesquels « les auteurs de faits qualifiés infractions sont de plus en plus jeunes, la violence gratuite s'intensifie et le nombre de récidives augmente ». Or, l'Union Francophone des Magistrats de la Jeunesse (UFMJ) insiste sur le fait que le placement en IPPJ doit rester une mesure exceptionnelle et considère que certains de ces placements pourraient être évités si d'autres prises en charge étaient réellement mises à disposition des juges de la jeunesse.
A défaut de réelles possibilités d’accompagnement éducatif intensif et d'encadrement individualisé, le nombre de décisions de placement en régime fermé restera largement supérieur aux places disponibles même si celles-ci augmentent sans cesse. Par ailleurs, les constats, sur base desquels le Fédéral et les Communautés justifient cette augmentation ne sont aucunement partagés par les acteurs de terrain et/ou par les chercheurs.
Au contraire, selon les observations de l’INCC (organisme public de recherche scientifique), le nombre de jeunes délinquants signalés aux parquets de la jeunesse tend à diminuer au regard des années 1980. Et contrairement à l’image véhiculée par la presse, cette analyse relève aussi que des faits d’une extrême gravité sont rarement signalés.
Par contre, le nombre de mineurs en danger, lui, ne fait qu’augmenter et constitue la partie la plus importante des prises en charge des services de l’Aide à la jeunesse, soit environ 85 % des cas. Un chiffre alarmant donc… mais qui se voit vite évincé dès lors que l’on préfère se focaliser, tant au niveau des médias que de l’investissement politique, sur les mineurs délinquants, soit sur les 15 % restant. La majorité des jeunes dits délinquants aujourd'hui étaient pourtant des mineurs dits en danger hier ».
Je partage évidemment ce point de vue.
Quant aux critiques concernant le choix de St-Hubert, il faut quand même rappeler que Saint-Hubert n’est pas le bout du monde et que, si on voit les choses uniquement sous l’angle de la distance et des moyens de transports en commun, on risque de voir la Province de Luxembourg encore un peu plus délaissée en services publics.
Et puis, indépendamment du bien-fondé d’une telle initiative, il y a des emplois qui vont être créés à Saint-Hubert, ce qui est une bonne chose même si le centre ne sera prêt qu’en avril 2010 et que, selon la Ministre, « des éducateurs et psychologues dans l’attente de l’ouverture du centre de Saint-Hubert, ont été informés du report de leur engagement. L’administration espère qu’ils seront encore disponibles quand le centre ouvrira ses portes ».
Le débat lancé en Commission de l’Enseignement supérieur le 13 octobre, a rebondi en séance plénière ce mercredi 14 octobre 2009.
Le Ministre Jean-Claude MARCOURT a rappelé son refus de tout empirisme et de tout sous-localisme et confirmé la tenue d’une table ronde qui abordera diverses questions comme « Vers où l’enseignement supérieur veut-il aller ? La logique de réseaux est-elle la solution qui réponde le mieux aux objectifs d’accessibilité de réussite de nos enfants ? La logique territoriale ne serait-elle pas plus adéquate ? Les mêmes réponses sont-elles applicables à l’enseignement et à la recherche ? Le problème du financement doit-il être mis sur la table ? ».
Le débat en commission avait été consacré au choix des deux hautes écoles implantées en Province de Luxembourg. La Haute Ecole Blaise Pascal a décidé de s’associer à l’HENAM (Namur, réseau libre, Académie de Louvain) et la Haute Ecole Robert Schuman à la Haute Ecole Charlemagne (Liège, réseau officiel, Académie Wallonie-Europe). La logique des réseaux a prévalu.
Nous étions quelques-uns à privilégier à tout le moins un rapprochement entre les deux hautes écoles luxembourgeoises pour qu’elles unissent leurs forces et pérennisent sur le territoire provincial un enseignement supérieur de qualité ancré dans le contexte démographique et socio-économique luxembourgeois.
Les hautes écoles luxembourgeoises n’attendront sans doute pas la table ronde organisée par le Ministre …
Il est vrai qu’il faut opérer des regroupements et atteindre des tailles critiques, sans négliger d'une part, le lien avec l'université et, d'autre part, l’ancrage territorial. Au vu des orientations prises par nos hautes écoles, je doute de la possibilité de garder demain un enseignement supérieur de qualité dans la Province de Luxembourg et je me demande si la table ronde pourra changer le cours des choses …
Ces questions font débat en France aussi. Pierre VELTZ, auteur de « faut-il sauver les grandes écoles ? », a souligné, dans une interview publiée dans le Nouvel Observateur, qu’ à l’échelle du monde, les « établissements français - 10 fois plus petits que n’importe quelle université comptant à l’international - sont des écoles minuscules portant des noms bizarres et d’une célébrité paroissiale » !
A l’évidence, ces propos sont un rien provocateurs mais ils n’en incitent pas moins à prendre la mesure des choses quand on évalue les regroupements et fusions dans notre enseignement supérieur, un enseignement supérieur dont Jean-Claude MARCOURT a rappelé la grande qualité mais aussi son inaccessibilité à certains jeunes.
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