Comme l’a souligné Malika Sonnet dans sa question orale relative à « la lutte contre la pauvreté infantile et la présidence du Conseil de l’Union européenne », la Communauté française est aussi en première ligne en matière de pauvreté infantile puisqu’elle est particulièrement compétente pour l’accueil de la petite enfance, le soutien à la parentalité et l’aide à la jeunesse.
La députée PS a donc interrogé la Ministre sur ses priorités et ses initiatives.Dans sa réponse, la Ministre Evelyne Huytebroeck a mis particulièrement en évidence l’implication de toutes les forces vives de la Communauté française dans les groupes de travail, colloques, conférences ministérielles, réunions d’experts et débats consacrés au thème de la pauvreté et plus particulièrement de la pauvreté infantile.
L’ONE, l’Observatoire de l’enfance de la jeunesse et de l’aide à la jeunesse, le Délégué général aux droits de l’enfant, les administrations concernées de la Communauté française et bien sûr, celle de l’Aide à la jeunesse sont ainsi mobilisés.
La Ministre a souligné la concertation avec le groupe AGORA (qui est un lieu de discussion permanente entre l’Administration de l’Aide à la jeunesse et des militants d’ATD Quart Monde et de LST), avec le Gouvernement fédéral, la Commission nationale des droits de l’enfant et le Réseau wallon de lutte contre la pauvreté.
Et d'ajouter encore: « la Direction générale de l’Aide à la jeunesse, l’Office de la naissance et de l’enfance et le délégué général aux droits de l’enfant organisent un cycle de trois séminaires sur la réduction des inégalités sociales selon les recommandations du délégué général de la Communauté française aux droits de l’enfant relatif aux incidences et conséquences de la pauvreté sur les enfants, les jeunes et leurs familles. »
On mesure ainsi tout l’intérêt porté au rapport du délégué général aux droits de l'enfant, Bernard De Vos.
3 objectifs sont au centre des débats : donner à l’enfant une famille disposant de revenus suffisants, lui garantir un accès aux services qui favorisent son bien-être actuel et futur et faire participer activement les enfants et les jeunes aux décisions qui le concernent.
Mais c’est, dans la réponse de la Ministre à Malika Sonnet, le passage suivant qui m’intéresse particulièrement : « Dans le rapport thématique auquel vous faites référence, le délégué général pointe différents problèmes dans le secteur de l’Aide à la jeunesse, dont les rapports des familles avec les services de l’Aide à la jeunesse et l’aide qui leur est procurée.
Afin que les services de l’Aide à la jeunesse soient plus accessibles, nous avons décidé de renforcer le personnel des services le plus en souffrance. L’effort visera les délégués, les intervenants de terrain les plus exposés, qui pourront dès lors consacrer davantage de temps aux jeunes et aux familles.
Afin de s’assurer que les enfants grandissent dans des familles disposant de ressources adéquates pour rencontrer leurs besoins, je travaille à formaliser et à renforcer les relations entre les CPAS, qui dispensent une aide sociale générale, et les services de l’Aide à la jeunesse, qui offrent une aide spécialisée.
En septembre, une table ronde sera mise en place, qui réunira les CPAS et les conseillers et directeurs de l’Aide à la jeunesse. Son objectif est d’aboutir à un protocole-cadre de collaboration et de coordination entre ces deux secteurs, afin de clarifier les compétences de chacun, de mettre un terme au jeu de ping-pong institutionnel et de garantir une prise en charge et un suivi optimal du jeune mais aussi des familles.
Il s’agit donc d’un protocole similaire à celui que nous venons d’établir avec les services de l’ONE. »
Certes, ce n’est pas seulement ainsi que le monde va changer mais cela peut y contribuer pour une part, si petite soit-elle…
La circulaire de Marie-Dominique Simonet sur le choix des livres a suscité maintes réactions.
La Députée PS Françoise Fassiaux-Looten a enseigné le français pendant 30 ans et n’a pas manqué d’être interpellée par cette circulaire dont elle a souligné l’ambiguïté tout en ajoutant : « Quel que soit le genre de littérature, un travail d’initiation est nécessaire. L’école ne doit pas être une « cloche », un endroit fermé mais un lieu ouvert avec des gardes-fous. »
Et encore : « Garantir l’espace de liberté d’une classe et de l’enseignant est essentiel. Quand j’enseignais, je changeais de lecture en fonction de l’évolution de la classe. La responsabilité de l’enseignant sur la manière de faire évoluer les enfants est primordiale. Nous nous devons de maintenir cet espace de liberté ! »
La Ministre Marie-Dominique Simonet a rappelé que sa circulaire faisait suite à la réaction de certains parents. Elle a précisé que la circulaire préparée par un groupe de travail, n’exprimait en rien une volonté de censure : « Elle ne mentionne d’ailleurs aucun auteur, aucun titre mais se borne à rappeler de bonnes pratiques… »
("La lecture est un acte d'amour. On reçoit mais on donne tout autant. Certains disent qu'une bonne lecture éclaire notre vie. C'est exact mais la réciproque est tout aussi juste: c'est notre vie, notre passé, notre expérience, nos blessures, nos plaisirs, nos réflexions, nos rencontres qui servent à éclairer tous les livres que nous lisons." Jacques Mercier, 02/12/2005, Lalibre.be)
Beaucoup de bruit pour presque rien mais l’occasion quand même pour Françoise Fassiaux-Looten de rappeler quelques évidences quant au métier de prof et à son nécessaire espace de liberté, dans le respect des élèves.
Dans une intéressante carte blanche (« Prose bonbon ? ») publiée dans le Soir du 22 juillet 2010, le professeur de français Thierry Hubin rappelle notamment l’importance du travail d’encadrement par un professeur qui doit être capable de maîtriser les thèmes parfois explosifs abordés par certains récits.
Voici un extrait de cette carte blanche : « Contester le choix de certaines lectures sous prétexte qu’elles contiennent des passages problématiques, c’est donc… un peu court, jeune homme. D’autant qu’on ne sait rien de ces parents contestataires ni de leur nombre ni de leurs motivations.
Or, il est arrivé que la morale serve d’alibi à l’intolérance. Quoi qu’il en soit, offrir une littérature aseptisée, des livres désinfectés, ce serait à la fois trahir la littérature et les élèves.
Et tant mieux si la littérature suscite encore des indignations, cela prouve que, malgré les tentatives de certains programmes, elle n’est pas encore tout à fait morte.
Il est des écoles où l’on emmène les élèves à Disneyland Paris. Cela n’a apparemment suscité aucune récrimination. Est-ce pourtant le rôle de l’école de véhiculer cette culture-là ? Une culture inoffensive et lucrative, bien rose, bien lisse, bien sucrée ? Comme un passeport pour le néant. »
Le projet de décret adopté ce jour vise à transposer la directive 2006/123/CE du Parlement européen et du Conseil du 12 décembre 2006 relative aux services dans le marché intérieur (directive Bolkestein), en Communauté française comme cela a déjà été fait en Région wallonne pour ce qui relève de ses compétences.
On connaît toutes les craintes qu’a fait naître et suscite encore la directive « Bolkestein » et les risques de mise à mal des services publics et des services sociaux d’intérêt général, dans un contexte européen de libéralisation à tout va.
C’est ce que le député PS Sébastian Pirlot a rappelé dans l'intervention justifiant son abstention au moment du vote en séance plénière. Voici ce qu'il a dit, en substance: « Afin de ne pas prolonger inutilement les débats, je renverrai pour justifier mes abstentions aux arguments développés en commission des Relations internationales.
Je rappellerai simplement ici que les socialistes ont toujours refusé que les services d’intérêt général ou qui visent un objectif d’intérêt général, notamment les services de santé, la sécurité sociale, l’éducation, la culture et l’audiovisuel, soient considérés comme de simples marchandises.
Aujourd’hui, il ne nous appartient plus de nous prononcer sur un débat qui a déjà eu lieu et qui a rendu son verdict. Nous ne nous opposons donc pas à la transposition de cette directive car nous respectons le droit européen et le travail de transcription dans notre législation qui a déjà été réalisé.
Néanmoins, pour marquer notre opposition à la philosophie de cette directive, je m’abstiens de la voter, comme je l'ai fait en commission des Relations internationales.
Nous voulons rester cohérents avec notre vision sociale de l’Europe que nous avons toujours défendue. Nous ne voulons pas freiner la construction de l’Europe, nous voulons construire une Europe plus humaine car plus sociale. La crise financière, liée à l’état d’un marché débridé, est notre meilleur argument. »
J.G.
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