Une note Di Rupo qui en impose, le CD&V à la table des négociations, un discours musclé du Roi !

Il y avait quelques motifs de satisfaction au soir du 21 juillet 2011 même si la plus grande prudence reste de mise…

Le oui conditionnel des démocrates-chrétiens flamands

Comme on le sait, la NV-A s'étant exclue elle-même de la table des négociations, le CD&V est indispensable pour obtenir une majorité des deux tiers au Parlement fédéral et une majorité dans chacun de ses groupes linguistiques. Des majorités indispensables pour procéder à la réforme de l'État !

Les démocrates-chrétiens flamands du CD&V, après avoir dit non à la note d'Elio Di Rupo et après bien des tergiversations et des valses-hésitations, ont fini par accepter de s'asseoir à la table des négociations, sans la NV-A, avec les sept autres partis (les quatre partis francophones ainsi que les libéraux, les écolos et les socialistes flamands).

Il est vrai que l'accueil plutôt positif de la note Di Rupo par les éditorialistes flamands et leurs critiques à l'égard du non brutal de la NV-A ont pu influencer le CD&V. On sait combien les éditorialistes flamands sont des faiseurs d'opinions…

D'aucuns se disent aussi que le discours musclé du Roi à l'occasion de la Fête nationale et peut-être aussi un sens retrouvé de l'intérêt général chez les démocrates-chrétiens flamands, y sont pour quelque chose …

Certes, ce 21 juillet, les démocrates-chrétiens flamands sont venus avec leurs conditions préalables : la scission de BHV et l' « encommissionnement » - autrement dit, le report aux calendes grecques - de certaines compensations proposées dans la note Di Rupo comme l’assouplissement de la législation linguistique à Bruxelles, la possibilité de listes bilingues dans la Région de Bruxelles-Capitale, une circonscription fédérale et la ratification de la Convention-cadre sur les minorités)

Ce revirement de dernière minute des démocrates-chrétiens flamands (un choix politique risqué dans le contexte politique flamand mais pouvaient-ils faire autrement ?), laisse un peu d'espoir…

Mais on est encore loin du compte.

La scission de BHV sans grandes compensations ne ferait pas l’unanimité chez les Francophones. Par ailleurs, les démocrates-chrétiens flamands vont-ils résister à la pression de la NV-A ? Ne vont-ils pas faire dans la surenchère pour ne pas apparaître moins flamands que les nationalistes de la NV-A ?

Bon, ce n'est pas le moment de sombrer dans le pessimisme !

La note Di Rupo…

« Il faut ici d'abord tirer son chapeau à Elio Di Rupo, à sa fameuse note, son incroyable sang-froid et sa patience cruciale. En étant audacieux, en prenant des risques, le formateur a placé le débat là où il est et là où il pouvait mener à un succès. Il a mis ainsi très habilement chacun devant ses responsabilités. » Ces propos louangeurs ne sont pas de moi. Ils sont de la plume de Béatrice Delvaux, l'éditorialiste en chef du journal le Soir dans son édition des 23 et 24 juillet 2011.

Proposer un programme socio-économique et de réformes institutionnelles qui peut servir de base de négociation aux représentants de huit partis bien différents les uns des autres : quelle gageure pour le formateur ! 

Rien d'étonnant si Didier Reynders trouve les chapitres socio-économiques de la note Di Rupo trop socialistes et si certaines des propositions qui s'y trouvent ne plaisent pas aux organisations syndicales et à certains socialistes (dont je suis).

Sans doute fallait-il au moment de soumettre la note aux différents partis, donner des gages à la droite pure et dure, à la NV-A en particulier.

Il est vrai que le rapport des forces est pour le moins défavorable à la gauche...

Ainsi, peuvent se comprendre les mauvais coups portés aux conditions d’indemnisation des chômeurs, à la notion d’emploi convenable (qui sera beaucoup plus souple…), aux règles de calcul de la pension et de départ en prépension, au budget des soins de santé (norme d'augmentation limitée à 2 %), aux allocations d'attente des jeunes (qui pourraient être remises en cause), etc.

Par contre, d’autres mesures sociales, fiscales et économiques sont intéressantes comme le maintien de l’indexation automatique des salaires.

Il reste que cette note est remarquable à plus d’un titre tant elle comporte des propositions novatrices qui concernent, non sans prise de risque pour le formateur, tous les aspects de la gestion publique…

Je ne suis évidemment pas convaincu que les réformes économiques et sociales proposées par Elio Di Rupo vont, de manière significative, réduire les inégalités et mieux répartir les richesses…

Mais comme le souligne Hugues le Paige, co-directeur de la revue « Politique » dans un article intitulé « l'escroquerie idéologique » et publié sur lesoir.be du vendredi 24 juin 2011 (voir la rubrique « autres articles » de mon site), « personne ne possède de recette miracle. Mais des voies sont à explorer : l’austérité tant vantée par la droite peut recouvrir des significations différentes et même contradictoires. Elle peut être mise au service des besoins collectifs et orientée vers la transformation sociale, elle peut être progressive comme la fiscalité, elle peut frapper d’abord ceux qui ont la possibilité de maintenir, en tout état de cause, un niveau de vie élevé.

L’austérité pour les intérêts notionnels : voilà un bon début ! Cela implique un combat terrible et la remise en question d’un modèle purement productiviste.

Car il ne faut pas se tromper, l’affrontement gauche/droite qui est à l’œuvre, est sans doute le plus rude que nous ayons vécu dans notre pays depuis les grèves de 1960-61 dont on vient discrètement de commémorer le cinquantenaire. »

(Le 16 août, après une période de repos bien méritée, un nouveau parcours d'obstacles aux couleurs de la Belgique attend les négociateurs et les techniciens qui les assistent... Photo: Centre européen du Cheval de Mont-le-Soie, Vielsalm)

Le discours du Roi

Dans son discours, le Roi a rappelé que pour un célèbre constitutionnaliste anglais, les prérogatives de la monarchie constitutionnelle comprenaient le droit d'être informé, le droit d’encourager et le droit de mettre en garde.

Avec une force de conviction et une gestuelle qu'on lui connaît peu, le Roi  a notamment déclaré : « Ces derniers mois, dans mes audiences, j'ai utilisé les deux premières prérogatives : être informé et encourager. Avec vous, je voudrais à présent faire usage publiquement, en toute transparence, de la troisième prérogative : le droit de mettre en garde. »

Et le Roi d’évoquer notamment la longue durée d'une crise qui suscite, dans une grande partie de la population, de l'incompréhension vis-à-vis du monde politique, ce qui risque « de développer une forme de poujadisme qui est dangereuse et néfaste pour la démocratie ».

Une crise qui pourrait également, souligne le Roi, affecter de façon négative et très concrète le bien-être économique et social de tous les Belges et le mettre en péril le rôle et le modèle de la Belgique au sein de l’Europe.

Le Roi, encore : «… Les citoyens ne doivent pas seulement exhorter leurs représentants à prendre les décisions courageuses qui s’imposent. Ils doivent aussi s'efforcer de favoriser une meilleure entente entre nos communautés en faisant un pas concret vers l’autre, en parlant sa langue, en s'intéressant à sa culture, en essayant de mieux le comprendre. C'est là une forme importante de la citoyenneté moderne. »

Du courage, de la tolérance ?

Utile rappel que fait là le Roi et, en fait de courage et de tolérance, on peut comprendre qu'Il ne décerne pas de bons et de mauvais points.

Il n'en reste pas moins que sans l'extrémisme et le jusqu'au-boutisme des nationalistes flamands, on n'en serait pas là aujourd'hui.

C'est une évidence et ce qui peut être reproché aux Francophones, c'est sans doute leur aveuglement devant la détermination flamande et l’absence de vision commune pour un fédéralisme fondé essentiellement sur les régions.

Il suffit de relire les résolutions du Parlement flamand de mars 1999 et la déclaration gouvernementale complémentaire du 18 mai 2005 adoptée par un gouvernement flamand dont Yves Leterme était le ministre-président.

Tout y est (et tout n'est pas bon à prendre !) : la scission pure et simple de BHV, le confédéralisme, la disparition de Bruxelles-Capitale comme région à part entière (et sa gestion, sous statut spécifique par les Flamands et les Francophones, sur pied d’égalité), la régionalisation quasi complète des télécommunications, du transport, des infrastructures ferroviaires, des soins de santé, des allocations familiales et de la politique de l’emploi (y compris l’utilisation des allocations de chômage comme levier en matière d’emploi), une large autonomie fiscale et financière, etc., etc.

Et les revendications des nationalistes flamands de la NV-A et des démocrates-chrétiens flamands, lorsqu’ils étaient « en couple », sont allées plus loin encore dans leur volonté de réduire l'État fédéral et ses mécanismes de solidarité fiscale et sociale à leur plus simple expression!

A suivre...

J. G. 25 juillet 2011

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Agenda

  • 07-04-2013

    C’était le dimanche 7 avril 2013. Jean Maquoi, le frère du docteur Luc Maquoi à l’origine du Centre Médical Héliporté de Bra-sur-Lienne, ne cachait pas sa joie et son émotion : le soleil et près de 2000 personnes avaient répondu à l’invitation de son comité organisateur.

    Plus de 850 repas ont été servis à cette occasion !

    Jean Maquoi et son équipe peuvent compter sur 130 bénévoles, sur la collaboration des pompiers de Hamoir et de la police fédérale de même que sur l’aide d’entreprises de transport et d’autres firmes de la région.

    L’intégralité des bénéfices de cette belle manifestation est versée au CMH de Bra-sur-Lienne.

  • 04-01-2013 - 30-01-2013

    Le CMH de Bra-sur-Lienne a les honneurs d’une exposition photographique « Au coeur d’une zone rouge », à la Maison du Tourisme du Pays de Herve.

    On peut y admirer les superbes photos réalisées par Valentin Bianchi lors d’interventions réelles du CMH (en 2012, le CMH est intervenu plus de1000 fois !).

    Excellente idée que cette belle exposition car elle fait vivre au quotidien et sur le terrain les interventions d’un trio de choc : le médecin spécialiste, l’infirmier spécialisé en aide médicale urgente ainsi que le pilote de l’hélico.

A votre bonne attention

  • Voici quelques informations communiquées par le CMH de Bra-sur-Lienne.

    Trois interventions héliportées par jour !

    Au cours de l’année 2012, le Centre Médical Héliporté de Bra-sur-Lienne a réalisé 1028  missions par hélicoptère à la demande du 112.

    Pour la seconde année  consécutive, le CMH dépasse le seuil des 1000 interventions héliportées. Cette donnée confirme la place de l’hélicoptère dans les moyens de secours disponibles en Belgique.

  • Le best-seller surprise qui secoue la Flandre enfin traduit en français

    « Comment osent-ils ? La crise, l’euro et le grand hold-up » de Peter MERTENS (président du PTB) en collaboration avec David Pestieau, avec une préface de Dimitri Verhulst (Auteur de La merditude des choses). Quelques syndicalistes l’ont déjà lu et vous le recommandent.

    « Peter Mertens, comme nous, a raison de s’étrangler d’indignation dans son livre sur “La crise, l’euro et le grand hold-up”. (…) Oubliés le sauvetage des banques, les causes de l’endettement et de la crise. Ils ont réussi a retourner la situation et ils essaient maintenant de nous convaincre que tout cela, c’est notre faute : on gagne “trop”, notre sécu est “trop généreuse”, nos pensions “impayables”, nos services publics “pléthoriques”, nos chômeurs “paresseux”. (…)

  • Je lis sur ma page d’accueil Facebook les témoignages de Renée Gaspard, Patrick Davin, Gaston Blanchy, Jean-Claude Marcourt, Jean-Pierre Alexandre, Nathalie Bailly, André Brunelle, Christelle Thomas et de tant d’autres.

    Que dire encore ? Nos pauvres mots ne peuvent pas suffire devant ce terrible drame et tant de souffrance…

    Nous ne pouvons qu’exprimer notre révolte mais aussi notre empathie, notre solidarité. Au moins, elles n’ont pas de frontière même linguistique !
    J.G., 14 mars 2012

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