Mise en selle par les sociaux-chrétiens flamands et surfant sur les résolutions adoptées par un parlement flamand unanime en 1999, la N-VA a fini par gagner les élections de 2010 et devenir incontournable.
La N-VA est un parti de droite, nationaliste et séparatiste. Tout fait farine à son moulin et quand elle fait montre d’intransigeance sur le plan institutionnel tout en manifestant son soutien à un gouvernement fédéral chargé de résoudre des dossiers urgents, elle gagne sur tous les tableaux auprès des électeurs flamands.
Les libéraux et les sociaux-chrétiens flamands lui laissent la voie libre. C’est particulièrement le cas du CD&V qui reste en embuscade, prêt à faire de la surenchère s’il sent la N-VA en difficulté. Si le CD§V a accepté certains compromis pendant les négociations, c'était uniquement sous la réserve de voir la N-VA les accepter également!
La N-VA ne faiblira pas et elle sait que les autres partis flamands ne prendront jamais le risque de participer à des accords institutionnels sans elle.
La fin de l'Etat belge, un jour, est de moins en moins une hypothèse d'école. Il faut effectivement s'y préparer. Ainsi, on sera moins surpris quand il faudra assumer. En attendant, il faut quand même bien encore négocier quelques étapes... On n'évitera pas en tout cas, un dégraissage radical de l'Etat fédéral...
Comment ne pas penser à Samuel Becket, dans « Fin de partie » : « La fin est dans le commencement et pourtant on continue » ?
Bon, inutile de crier à l'égorgé et, comme vient de le déclarer Louis Michel, "arrêtons de nous faire peur".
("Episode des journées de septembre 1830 sur la place de l'Hôtel de Ville de Bruxelles", de Gustaf Wappers (Musée d'Art moderne, Bruxelles). Des journées qui ont mis fin au régime hollandais et qui ont été suivies de l'adoption par le Gouvernement provisoire du décret du 4 octobre 1830 proclamant l'indépendance de la Belgique (et mettant fin à un mariage sans amour entre les provinces belges et les Pays-Bas...)
Voici quelques extraits du communiqué conjoint du PS, du cdH et d'Ecolo (4 octobre 2010) qui qualifient d'irresponsable et dommageable pour tous les citoyens le rupture unilatérale des négociations par la N-VA.
"Plus de 110 jours après les élections, les citoyens n’ont toujours pas de réponse à une question fondamentale pour l’avenir du pays : la N-VA a-tellela volonté ou est-elle capable d’accepter un jour une réforme de l’État équilibrée ?
Tous les partis autour de la table sauf la N-VA ont démontré dans le passé et durant les dernières semaines, leur capacité à conclure des compromis pour réformer l’État, c’est-à-dire avoir le courage de faire des concessions mutuelles.
Contrairement à ce que certains affirment, le volume des matières transférables ainsi que les moyens concernés permettent un déplacement du centre de gravité vers les Régions.
Pour les 3 partis, le PS, le cdH et Ecolo, il est irresponsable de laisser passer une opportunité inédite de transformer en profondeur la Belgique et d’accorder plus d’autonomie aux 3 Régions de notre pays, tout en assurant la prospérité et en maintenant au niveau fédéral en particulier les socles fondamentaux de la solidarité interpersonnelle.
Ce n’est pas avec des ultimatums que l’on gouverne. Et ce n’est pas en lançant des ukases que l’on assume la responsabilité qui a été confiée par les citoyens lors des élections de juin dernier.
A deux reprises, le 24 août et le 21 septembre, la N-VA a accepté les 12 principes pour la révision de la loi de financement. Elle en donne maintenant sa propre interprétation et exige comme préalable qu’un seul et unique des 12 principes (l’augmentation significative de l’autonomie financière des entités fédérées, ramenée par la N-VA à une augmentation de l’autonomie fiscale basée sur l’IPP) soit mis en oeuvre.
Tout responsable francophone qui soutient un tel scénario accepte l’appauvrissement structurel des populations de Wallonie et de Bruxelles.
L’exigence de la NV-A ne tient en effet pas compte des 11 autres principes, dont notamment le maintien des prérogatives fiscales nécessaires à la viabilité à long terme de l'État fédéral, l'absence de concurrence fiscale déloyale ou le non appauvrissement d'une entité fédérée.
La N-VA veut-elle cacher la vérité ? Aurait-elle peur que l’on démontre que ses exigences étrangleraient financièrement l’État fédéral et remettraient fondamentalement en cause la sécurité sociale ? Aurait-elle peur qu’il soit constaté que ses idées vont appauvrir considérablement les Wallons et les Bruxellois ?
Les 3 familles politiques francophones continueront à exiger, dans le cadre de toute discussion future, une vérification des conséquences financières pour la Wallonie, pour Bruxelles, pour la Flandre et pour le niveau fédéral de chaque modèle de financement proposé. Afin d’être le plus transparent possible et de permettre aux citoyens de juger par eux-mêmes, les conséquences des propositions de chaque parti devront être calculées par le Bureau du Plan et la Banque Nationale.
Le PS, le cdH et Ecolo ont été constructifs dans les négociations et continueront à l’être. Au-delà de leurs différences respectives, les 3 partis francophones resteront solidaires, unis et fermes dans l’intérêt supérieur du pays en général et des Wallons et des Bruxellois en particulier.
La formation d’un Gouvernement fédéral travaillant pour tous les citoyens reste la priorité absolue. L’urgence de la situation économique et sociale l’exige ! Les 3 familles politiques francophones, le PS, le cdH et Ecolo, restent ouverts à la discussion afin de maintenir la stabilité du pays et d’offrir une perspective durable tant aux entités fédérées qu’au niveau fédéral."
J.G. 6 octobre 2010
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