(L'ancien hôpital en briques rouges, siège du Parlement wallon, au pied de la citadelle de Namur...)
La Wallonie fête ses trente années d’existence comme région au moment même où il est question, à tout le moins, de transferts massifs de compétences aux 3 régions (et sans doute 4 si l’on prend en compte les revendications germanophones).
Il faudrait être de bien mauvaise foi pour nier combien les Renard, Yerna, Terwagne, Merlot, Perin, Cools et Dehousse ont eu raison de se battre pour que la Wallonie dispose au fil des réformes qui ont marqué ces trente dernières années, de compétences et d’outils de gestion propres. On en mesure tous les jours les effets bénéfiques même si le chemin reste long et parsemé d'embûches.
D’autres leaders wallons ont relayé la cause. Je pense notamment à Robert Collignon, Jean-Claude Van Cauwenberghe, José Happart et Jean-Maurice Dehousse. Le MR Serge Kubla n’a pas été en reste.
Rudy Demotte s’est inscrit dans cette voie en rappelant que la priorité est à des régions fortes et que la Fédération Wallonie-Bruxelles destinée à remplacer la Communauté française, sera l’institution qui relie les Wallons et les Bruxellois. Encore faut-il donner du contenu à cette institution. J’y reviendrai.
Et que dire des propos très « wallonisants » de bourgmestres Cdh de grandes villes wallonnes comme Jean-Jacques Viseur et Jacques Etienne. Ce qui n’a pas plu à Joëlle Milquet qui les a pris de fort haut. Ils en ont vu d’autres…
Récemment, c’est le député écologiste et chef de groupe au Parlement wallon, Bernard Wesphael, qui a rappelé son credo régional…
D'aucuns, ramant à contre-courant, en sont encore à dénoncer un repli frileux des Wallons sur eux-mêmes. Un argument facile et des plus superficiels alors que, à l'évidence, les Wallons, régionalistes ou fédéralistes, se veulent partenaires des Bruxellois et ouverts sur les autres régions et pays !
Et les accents régionalistes ou fédéralistes d’aujourd’hui n’ont en définitive rien de nouveau! En séance plénière du Parlement wallon du 16 juillet 2008, une proposition de résolution institutionnelle élaborée par un groupe de travail présidé par José Happart, a été adoptée à l’unanimité par les députés PS, MR, Cdh et Ecolo.
Quelques mois auparavant, quelques députés wallons (Christophe Collignon, Charles Janssens, Guy Milcamps, Sébastian Pirlot, Eliane Tillieux et moi-même) avaient publié une carte blanche dans le Soir du 6 février 2008 (« A présent, vous pouvez dire à nos mères que nous sommes régionalistes ») qui est plus que jamais d’actualité !
La résolution institutionnelle du 16 juillet 2008 constituait une prise de position claire et ferme pour un équilibre institutionnel qui s’appuie prioritairement sur les régions. Elle affirmait l’importance de la solidarité entre la Wallonie et la Région de Bruxelles-Capitale, particulièrement au travers d’une Fédération Wallonie-Bruxelles.
Cette résolution est sans doute déjà dépassée aujourd’hui.
Mais quel contenu donner à la Fédération Wallonie-Bruxelles? Celui de la Communauté française d’aujourd’hui ? Je ne le pense pas. Sans doute ne faut-il pas ajouter un tel débat aux négociations passées et à venir ! Mais la question reviendra rapidement sur la table de manière plus sérieuse que lors de la séance plénière du Parlement de la Communauté française du 23 septembre 2010…
Ce qui me paraît évident, c’est que les Wallons et les Bruxellois auraient dû clarifier cette situation bien plus tôt. Nous aurions sans doute été plus forts dans les négociations avec les Flamands.
Comme d’autres, je pense qu’il faudra (re)construire cette Fédération en partant des deux régions, de leurs spécificités socio-économiques et culturelles et de leurs besoins propres.
L’efficacité politique et une action cohérente de proximité y gagneraient avec des régions disposant également de compétences homogènes dans des domaines comme l’enseignement, la formation professionnelle, la recherche, la culture, la petite enfance, la promotion de la santé et la problématique santé-environnement.
La Fédération devrait devenir le lieu de coordination des politiques régionales et de définition d’objectifs communs et de détermination des moyens pour les atteindre (comme cela existe déjà aujourd’hui dans certains domaines).
C’est simple ? Non, bien sûr et il y a le problème de la gestion des matières liées aux personnes, à Bruxelles. Mais on ne peut exclure la réflexion sur un tel schéma.
(Une belle brochette d'anciens présidents du Parlement wallon entoure Jean-Claude Damseaux, lors de son départ à la retraite. L'ancien secrétaire général-greffier du Parlement wallon a été, tout comme Georges Horevoets, l'ancien secrétaire général du Ministère de la Région wallonne (devenu le SP Wallonie), une des chevilles ouvrières de la mise en place des institutions wallonnes)
De toute façon, il faudra se pencher sur les institutions actuelles. Sans mettre en cause la qualité et le professionnalisme des services et des agents, consacrer une semaine parlementaire sur deux, au Parlement de la Communauté française, se justifie-t-il ? Ce n’est pas ce qu’il y a de plus efficace sur le plan fonctionnel ! Et cela le sera moins encore lorsque de nouveaux et importants paquets de compétences seront transférés aux régions !
Sans compter que pour l’avoir assidûment fréquenté pendant 5 ans, je sais que bon nombre de mes collègues bruxellois et wallons vont au Parlement de la Communauté française avec des pieds de plomb, signe d’un malaise plus profond…
J. Gennen, 4 octobre 2010
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