Débat sur l'identité wallonne au Parlement wallon

Date: 
Me, 10/03/2010

 

L’initiative de Rudy Demotte sur l’identité ou plutôt sur la conscience wallonne ne pouvait que rebondir en séance plénière du Parlement wallon.

Richard Miller (MR) n’a pas fait dans la dentelle ni dans la nuance: « Je peux comprendre que vous utilisiez ce débat sur l'identité wallonne comme pare-feu pour cacher l'échec des politiques que vous menez depuis des années.

En effet, s'il y a bien un thème qui symbolise votre échec, celui de votre parti, c'est l'absence d'identité wallonne. Elle n'a pas émergé avec la régionalisation
. »

Et dans sa réplique, après la réponse du Ministre-Président, il en a rajouté une couche, oubliant les crises économiques successives qui ont illustré les années 70, 80 et 90, oubliant les années de participation au pouvoir des libéraux.

Richard Miller : «  Vous avez galvaudé l'outil de la régionalisation. Tous les régionalistes qui ont été les porte-parole de votre mouvement n'ont pas réussi à créer l'identité wallonne.

(…) Vous avez mis les Wallons et les Francophones à genoux d'un point de vue financier.

(…) Lorsque vous avez reproché à M. Kubla d'avoir osé dire qu'il n'aimait pas votre Majorité, je peux vous dire que moi non plus je ne l'aime pas, et que je la combattrai jusqu'au bout.
 
Fondamentalement, je vous attends dans un débat où vous réussirez à démontrer que ce que je vous ai dit à propos de la régionalisation n'est pas exact. »

On sent de la hargne dans ses propos. Il ne digère manifestement pas que son parti soit dans l'opposition à la Région wallonne et à la Communauté française. Comment débattre sérieusement dans ces conditions?

Heureusement, il y a eu des interventions bien plus intéressantes !

Marcel Cheron (Ecolo) : « Le débat était mal parti, il doit se recentrer sur la dualité image-réalité.

Dans La République, Platon explique que les hommes et les femmes enchaînés dans une caverne ne voient de la réalité que son ombre.

Ce n'est pas l'image de la Wallonie qui doit changer, c'est la Wallonie elle-même. Elle doit résoudre ses difficultés économiques, sociales, environnementales, elle doit sortir de la mauvaise gouvernance
. »

(Voici précisément l’amalgame à éviter. Marcel Cheron n’a pas voulu comprendre la leçon du professeur Demotte. Assimiler la Wallonie à la mauvaise gouvernance et mettre tout le monde dans le même sac est rien moins que réducteur. Mais bon, tout fait farine au moulin d’Ecolo)

Marcel Cheron ajoute quand même : « Pour ce faire, il y a l'Olivier, les réformes que nous avons mises en place, le Plan Marshall 2.Vert. ».

Et souligne encore : « Je considère qu'il y a beaucoup trop d'intérêts wallons et pas encore un intérêt wallon. Dans ce cadre, nous devons nous pencher sur la question de la circonscription unique wallonne. »

(Un peu simpliste …La démocratie parlementaire y gagnerait-elle ?)

Mais Marcel Cheron ajoute aussi des considérations sur lesquelles on peut se rejoindre : « Nous avons intérêt à travailler autour d'un projet culturel et à susciter l'adhésion par le culturel.

La diversité, la reconnaissance des communautés d'origine étrangère, en faisant preuve d'accueil et de tolérance, confortent l'image de notre Région.

J'ajoute qu'en Wallonie, nous avons la chance d'avoir nos amis germanophones. Ils constituent une communauté avec toutes ses compétences et ils sont aussi des citoyens wallons avec leurs spécificités. Nous avons fait de cela un atout.

L'autre aspect fondamental, c'est l'axe stratégique avec Bruxelles. Nous sommes aujourd'hui dans un
fédéralisme qui se cherche et dont on ne connaît pas bien la fin
.
(…)
La Communauté Wallonie-Bruxelles est une plus-value. Ce n'est pas l'addition simple de deux régions. C'est un projet commun qui a aussi un travail d'introspection à mener sur la manière de gérer ces politiques.

 Il faut citer l'exemple de la culture, mais aussi celui de l'enseignement. Ce dernier doit être adapté en fonction des bassins de vie. En particulier, en Région wallonne où ces bassins sont très différents.

Des politiques différenciées sont nécessaires, notamment en matière d'enseignement qualifiant. Il faut faire en sorte qu'il y ait une meilleure adaptation au terrain
. »

C’est évident qu’il y a des choses à clarifier… Quelle place et quel rôle réserver à la Communauté Wallonie-Bruxelles (demain, la Fédération Wallonie-Bruxelles ?) en laissant aux deux régions qui la composent l’autonomie indispensable à la gestion de politiques diffférentes en vue de satisfaire leurs besoins spécifiques ?

Christophe Collignon : « Pourquoi la Wallonie, orpheline d'une identité, semble-t-elle oublier qu'elle a une histoire et un territoire, mais aussi une légitimité électorale ?

Il y a (…) le fait que les Wallons n'ont plus de presse d'opinion, pas de radio ou de télévision à
sensibilité régionale et qu'ils n'ont pas la maîtrise de leur histoire et de leur enseignement.


Il y a, et c'est particulièrement déplorable, les propos désobligeants de certains éditorialistes qui associent la Wallonie à une médiocrité chronique.

J'en viens à ma deuxième question : est-il nécessaire d'avoir un débat en la matière dès lors que certains pensent qu'il y a plusieurs identités wallonnes, voire qu'il n'y en a pas ?

C'est à travers des compétences que nous gérons que nous construirons ensemble un projet pour la
Wallonie.

La Belgique unitaire n'existe plus et seul le monde politique le sait. Il importe donc de sensibiliser et
d'unifier les Wallons autour d'un projet. Voilà pourquoi il nous appartient de mettre en place des conditions pour que cette identité émerge.

Enfin, sans vouloir être passéiste, je voudrais rappeler que le présent et l'avenir de la Wallonie ont un
besoin criant d'histoire et de récits."

Et Christophe Collignon d’évoquer les Louis de Geer, Guillaume de Bèche, Jean Curtius et tous ces ingénieurs qui ont fait beaucoup pour le renom de la Wallonie à l’étranger. Et de terminer en faisant référence à « une histoire qui s'est poursuivie avec les mouvements sociaux des années 60 ... »

Rudy Demotte a rappelé l’importance du débat : « … un débat riche qui mérite de la nuance. Il porte sur un sentiment fondamental qu'est la conscience d'appartenir à un mouvement, une Région et d'en partager certaines valeurs fondamentales. »

Il a souligné également les apports positifs de la régionalisation tout en rappelant que la Wallonie était loin de disposer de tous les leviers sur le plan économique80 % de l'économie est encore aux mains du Fédéral. On ne peut donc pas tout reprocher à la Wallonie. »)

Rudy Demotte : « Le débat sur l'identité wallonne n'est pas considéré non plus comme une agression par rapport à la Belgique ou à Bruxelles.

Il n'y a aucune concurrence ni hiérarchie entre les sentiments d'appartenance.


(…) Quand on parle d'identité positive, de fierté partagée, de culture d'entreprise, ce sont des ingrédients du succès.
Je souhaite que des mots positifs caractérisent la Wallonie, que de nouvelles habitudes permettent de dire : « ce succès est wallon ».

Est-il scandaleux de demander qu'on mette au frontispice de notre Région le mot « Wallonie » ?"


Et s’adressant à la Présidente du Parlement : " Oui, Madame la Présidente, nous voulons réfléchir à différents éléments de symbole qui permettent de reconnaître les mérites des Wallons et des Wallonnes. "

Je n’ai pas l’impression que le Ministre-Président pratiquait la méthode Coué…


(Sur cette photo, le Baron de Geer, représentant d'une illustre famille suédoise et descendant du Wallon Louis de Geer, fondateur de l'industrie métallurgique suédoise, figure à la gauche de Christophe Collignon, devant une des propriétés de la famille de Geer, près de la première forge et du "bruk" créés par Louis de Geer) 

Bon, je vais me faire plaisir. Voici le premier couplet du chant des Wallons:

"Nos-èstans fîrs di nosse pitite patrèye,
Ca lådje èt long, on djåse di sès-èfants.
Å prumi rang on l' mèt' po l' industrèye
Et d'vins lès-årts èle riglatih ot'tant.
Nosse tére èst p'tite, mins nos-avans l' ritchèsse
Dès-omes sincieûs qu'anôblihèt leû nom.
Et nos-avans dès libèrtés timpèsse:
Vola poqwè qu'on-z-èst fîr d' èsse Walon!
Et nos-avans dès libèrtés timpèsse:
Vola poqwè! Vola poqwè qu'on-z-èst fîr d' èsse Walon!"

J.G., 14 mars 2010

Photo du moment

Agenda

  • 07-04-2013

    C’était le dimanche 7 avril 2013. Jean Maquoi, le frère du docteur Luc Maquoi à l’origine du Centre Médical Héliporté de Bra-sur-Lienne, ne cachait pas sa joie et son émotion : le soleil et près de 2000 personnes avaient répondu à l’invitation de son comité organisateur.

    Plus de 850 repas ont été servis à cette occasion !

    Jean Maquoi et son équipe peuvent compter sur 130 bénévoles, sur la collaboration des pompiers de Hamoir et de la police fédérale de même que sur l’aide d’entreprises de transport et d’autres firmes de la région.

    L’intégralité des bénéfices de cette belle manifestation est versée au CMH de Bra-sur-Lienne.

  • 04-01-2013 - 30-01-2013

    Le CMH de Bra-sur-Lienne a les honneurs d’une exposition photographique « Au coeur d’une zone rouge », à la Maison du Tourisme du Pays de Herve.

    On peut y admirer les superbes photos réalisées par Valentin Bianchi lors d’interventions réelles du CMH (en 2012, le CMH est intervenu plus de1000 fois !).

    Excellente idée que cette belle exposition car elle fait vivre au quotidien et sur le terrain les interventions d’un trio de choc : le médecin spécialiste, l’infirmier spécialisé en aide médicale urgente ainsi que le pilote de l’hélico.

A votre bonne attention

  • Voici quelques informations communiquées par le CMH de Bra-sur-Lienne.

    Trois interventions héliportées par jour !

    Au cours de l’année 2012, le Centre Médical Héliporté de Bra-sur-Lienne a réalisé 1028  missions par hélicoptère à la demande du 112.

    Pour la seconde année  consécutive, le CMH dépasse le seuil des 1000 interventions héliportées. Cette donnée confirme la place de l’hélicoptère dans les moyens de secours disponibles en Belgique.

  • Le best-seller surprise qui secoue la Flandre enfin traduit en français

    « Comment osent-ils ? La crise, l’euro et le grand hold-up » de Peter MERTENS (président du PTB) en collaboration avec David Pestieau, avec une préface de Dimitri Verhulst (Auteur de La merditude des choses). Quelques syndicalistes l’ont déjà lu et vous le recommandent.

    « Peter Mertens, comme nous, a raison de s’étrangler d’indignation dans son livre sur “La crise, l’euro et le grand hold-up”. (…) Oubliés le sauvetage des banques, les causes de l’endettement et de la crise. Ils ont réussi a retourner la situation et ils essaient maintenant de nous convaincre que tout cela, c’est notre faute : on gagne “trop”, notre sécu est “trop généreuse”, nos pensions “impayables”, nos services publics “pléthoriques”, nos chômeurs “paresseux”. (…)

  • Je lis sur ma page d’accueil Facebook les témoignages de Renée Gaspard, Patrick Davin, Gaston Blanchy, Jean-Claude Marcourt, Jean-Pierre Alexandre, Nathalie Bailly, André Brunelle, Christelle Thomas et de tant d’autres.

    Que dire encore ? Nos pauvres mots ne peuvent pas suffire devant ce terrible drame et tant de souffrance…

    Nous ne pouvons qu’exprimer notre révolte mais aussi notre empathie, notre solidarité. Au moins, elles n’ont pas de frontière même linguistique !
    J.G., 14 mars 2012

Copyright La chronique parlementaire 2009 - Editeur responsable Jacques Gennen

Site développé par Tictemium