Je ne m’étendrai pas sur les incidents du 27 novembre 2009. Je n’étais pas présent. Mais comment ne pas s’étonner des moyens policiers déployés sur place et de la présence d’une journaliste ?
Comme les signataires de l'intéressante lettre ouverte publiée dans le Soir du 8 décembre 2009, faut-il conclure de la manière dont les choses se sont passées qu’ "on a voulu démontrer que l’école Pédagogie nomade est dangereuse, qu’il faut en avoir peur, que ses acteurs se livrent à des pratiques scandaleuses" ?
Je ne crois pas à la théorie du grand complot même si je connais l’une ou l’autre responsable qu’une telle expérience n’emballait pas …
Ces mêmes signataires écrivent encore ce qui suit : « Contre une telle campagne malveillante, il faut rappeler cette évidence : les problèmes de drogues, de délinquance et d’absentéisme se posent à Pédagogie nomade comme dans toute école.
Membres, amis et collaborateurs de PN reconnaissent humblement les difficultés de cette expérience. Mais ils refusent, à juste titre, d’admettre les mensonges colportés à son sujet et d’endosser la responsabilité de fautes qui n’existent pas. Ils refusent aussi de condamner un laboratoire qui transforme l’école et la fait sortir hors de ses murs pour construire les solutions aux problèmes qui la travaillent.
C’est peut-être cette expérimentation qui est apparue à certains inacceptable et qui a conduit la police à poursuivre ses investigations jusque dans les logements privés des élèves et des professeurs. Tout s’est passé comme s’il fallait ramener brutalement à la raison des idiots de mauvaise volonté, plutôt que d’aider des personnes responsables attelées à une aventure humaine éprouvante certes, mais productrice d’émancipation.»
Il y a du vrai dans tout cela !
(De gauche à droite, Martine Massaut et Jacques Janvier, deux des signataires de la lettre ouverte du 3 décembre 2009 et Antoine Janvier, chercheur en philosophie, ULg et un des signataires de la carte blanche publiée dans le Soir du 8 décembre 2009)
Ce projet que j’ai soutenu dès le premier jour a été porté à bout de bras par Benoit Toussaint et quelques autres dévoués. Qu’ils soient encore remerciés pour une démarche aussi novatrice ! Certes, on imagine mal la voir généralisée sans plus à tous les établissements d’enseignement mais elle est porteuse d’espoir et de changement !
Merci aussi à Marie Arena et à Christian Dupont, les ex-ministres de l’enseignement qui ont soutenu cette démarche ! Sans eux, elle n’aurait pas vu le jour !
Comme l’a souligné Christian Dupont dans son communiqué de presse annonçant l’accord ministériel et gouvernemental sur le projet et sur la convention de coopération entre la Communauté française (Athénée royal de Vielsalm-Manhay) et « Pédagogie nomade », le projet repose sur trois principes :
- l’égalité : professeurs et élèves décident ensemble de l’orientation et de l’organisation du projet,
- la participation de tous les membres du projet à la gestion quotidienne de l’école,
- la mise en place de diverses options pédagogiques qui transforment le rapport au savoir des élèves et des professeurs.
Un projet, rappelait Christian Dupont, qui est né d’un constat : « Même si elle contribue à l’émancipation intellectuelle de nombreux élèves, il arrive que l’école secondaire produise des « exclus » qui ont perdu progressivement le désir d’apprendre. Le but de Pédagogie nomade est d’offrir des alternatives à ces élèves en froid avec l’école et de les aider à retrouver le désir d’apprendre. Ce projet mené avec succès en France notamment est une expérience éducative et pédagogique qui fonctionne différemment des pratiques classiques. »
Les amis et parents y sont allés eux aussi d’une lettre ouverte (dans le Soir du 3 décembre 2009) et ils écrivent notamment ceci :
« Une des missions prioritaires que Pédagogie Nomade s’est donnée est d’appliquer le Décret Mission à la lettre :
1° promouvoir la confiance en soi et le développement de la personne de chacun des élèves ;
2° amener tous les élèves à s’approprier des savoirs et à acquérir des compétences qui les rendent aptes à apprendre toute leur vie et à prendre une place active dans la vie économique, sociale et culturelle ;
3° préparer tous les élèves à être des citoyens responsables, capables de contribuer au développement d’une société démocratique, solidaire, pluraliste et ouverte aux autres cultures;
4° assurer à tous les élèves des chances égales d’émancipation sociale.
Après cette première année d’existence, jalonnée des difficultés de la naissance, nous, parents et amis, avons le sentiment que le projet est en bonne voie de remplir ses missions.
Nous l’observons dans l’épanouissement de nos enfants, le goût retrouvé de l’apprentissage, l’autonomie et la confiance en soi. Même si le questionnement continue et alimente la réflexion sur l’évolution à donner au projet, la modulant selon les besoins réels rencontrés dans une articulation entre élèves, corps enseignant et parents.
Nous maintenons complètement notre confiance et notre soutien à ce projet.»
Marie-Dominique Simonet, quant à elle, s'est exprimée au Parlement de la Communauté française. Voici un extrait de son intervention: "Ce projet est intéressant parce qu’il s’adresse à des jeunes en décrochage scolaire. Il utilise d’autres méthodes que l’enseignement traditionnel afin de permettre à ces adolescents de reprendre contact avec un milieu scolaire.
Il faut savoir que les textes décrétaux ne permettent normalement pas ce type d’initiatives, d’où ce qualificatif de projet pilote. La situation est paradoxale. On sait que l’on va mettre en place une autre pédagogie et que les règles – généralement celles de l’inspection et des directions – ne valent pas totalement dans ce cas, notamment en ce qui concerne la présence, mais il faut en même temps recadrer les jeunes.
D’où l’existence de tiraillements et de tensions. Il va évidemment falloir travailler dans un esprit d’apaisement."
(De gauche à droite : Benoit Toussaint, moi, André Hubert (Bourgmestre de Gouvy), Brigitte Caprasse, Echevine de Gouvy et Philippe Courard lors de la journée « portes ouvertes » et inaugurale du 24 octobre 2008)
J.G., 16.01.2010
Copyright La chronique parlementaire 2009 - Editeur responsable Jacques Gennen
Site développé par Tictemium