C'est un beau spectacle théâtral que nous a présenté, le 23 avril 2011, le groupe théâtral « Les Mallefoutugassais » originaire, comme on peut le deviner, de Mallefougasse , une commune du Val de Durance au coeur du Département des Alpes de Haute-Provence et de grands espaces préservés.
La mise en scène était réalisée par Nelly Dalcq, une Salmienne qui avec son mari Luc, est allée s'établir dans ce village il y a une quinzaine d'années déjà et y partager avec ses nouveaux concitoyens, son amour du théâtre.
(Les bénéfices de la soirée théâtrale étaient destinés au Centre Médical Héliporté de Bra-sur-Lienne. La remise du chèque (je représentais l'ASBL de Bra) a permis aux amis de Mallefougasse et aux Salmiens qui les ont accueillis de poser pour la photo de famille)
On connaît l'argument de l'Assemblée des Femmes d'après trois pièces d'Aristophane.
Le livret de présentation nous le rappelle : lasses de la manière dont leurs maris gèrent la ville, les femmes d’Athènes, à l'instigation de Praxagora, décident de prendre le pouvoir grâce à quelques subterfuges et non sans ridiculiser les hommes. Maîtresses de l'assemblée du peuple, elles établissent de nouvelles lois, instaurent la paix, ouvrent les frontières au commerce et font même voter une loi sur le partage total des biens et des personnes !
Une comédie enlevée, critique et subversive, jouée avec beaucoup d’allant par nos amis français ! Un petit bémol : on n’a pas eu droit aux danses phalliques et quelques répliques trop épicées ou licencieuses ont été laissées de côté… (Zut ! Cette remarque avait-elle bien sa place dans cet article ?)
Ce n’est pas pour rien que bon nombre de colloques, mouvements et autres assemblées ont pris le nom d’Assemblée des Femmes pour débattre des discriminations dont les femmes sont victimes et poursuivre leur combat en faveur de l’égalité.
Beaucoup de progrès ont été réalisés depuis 1970, année de création du Mouvement de Libération des Femmes (le MLF) et 1971, année de publication par le NOuvel Observateur du "manifeste des343 salopes".
A l'époque, des femmes avaient déposé, sous l'Arc de triomphe, une gerbe à la mémoire de la « femme inconnue du soldat inconnu », un geste emblématique d'une prise de conscience et d'un combat qui allaient se traduire notamment par l’affirmation du droit des femmes à disposer de leur corps, par la généralisation de la contraception et la légalisation de l'avortement.
Chez nous, des lois et des décrets ont constitué au fil du temps un véritable arsenal d'outils juridiques destinés à favoriser l'égalité entre hommes et femmes. Les mesures et initiatives n'ont pas manqué, aux différents niveaux de pouvoir...
Il y a quelques mois, Eliane Tillieux, Ministre wallonne de l’Action sociale, de la Santé et de l’Egalité des chances, présentait un ambitieux plan global pour l’égalité des chances qui vise notamment à promouvoir l’égalité entre hommes et femmes.
(l'Assemblée des Femmes, comédiens amateurs de la troupe de Mallefougasse)
Les responsables politiques se préoccupent également des discriminations fondées sur le genre dans bon nombre de pays.
Ainsi, le 4 mai 2011, les députés wallons ont adopté, à l’unanimité, une proposition de résolution visant la mise en œuvre du plan d’Istambul pour le rôle des femmes dans la zone euro-méditerranéenne, à l’initiative du député MR Richard Miller, un texte auquel les révolutions arabes dans lesquelles les femmes jouent un rôle important, donnent une résonnance particulière.
Mais il reste encore beaucoup à faire pour combattre les préjugés sexistes, les représentations stéréotypées des métiers et des rôles, les inégalités dans la carrière professionnelle et dans l’accès aux postes de direction et à responsabilités.
Le taux d'emploi des femmes est inférieur à celui des hommes tandis que le taux de chômage féminin est supérieur à celui des hommes et que, à travail égal, le salaire des travailleuses n'est pas le même que celui des hommes.
Des auditions et échanges de vues ont eu lieu lors de la réunion conjointe du Comité d'avis pour l'égalité des chances entre les hommes et les femmes (Parlement wallon) et du Comité d'avis chargé d'examiner les questions relatives à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes (Parlement de la Communauté française), le 8 mars 2011, dans le cadre de la journée internationale de la femme.
Les débats ont encore mis en évidence, s'il en était besoin, le chemin qui reste à parcourir vers plus d'égalité. Je vous renvoie à ce sujet au rapport de la députée socialiste Malika Sonnet.
On se souviendra qu'au plus fort de la récente crise économique et financière, un journal avait titré : « la pauvreté a le visage d'une femme », un titre sans doute trop accrocheur…
Mais la réalité est là : l'absence de travail, le travail précaire ou le travail à temps partiel, les difficultés pour se loger décemment, pour avoir accès à une crèche, pour se déplacer, sont le lot quotidien de beaucoup de femmes seules, avec enfants.
L’inégalité de genre s’est même glissée dans l'outil de développement économique de la Wallonie qu'est le plan Marshall et plus particulièrement dans le plan Marshall 2. Vert, trop axé sur des métiers dits masculins, s’il faut en croire des débats récents au Parlement wallon…
Décidément, rien n’est simple… Il est vrai que sur près de 300 000 personnes qui travaillent dans l’industrie technologique en Belgique, 13% seulement sont des femmes et encore, certaines travaillent dans des services administratifs ou de gestion des ressources humaines. (voir www.agoria.be).
François-Xavier Devetter et Sandrine Rousseau se sont attaqués au ménage et aux conditions de prise en charge des tâches ménagères (« Du balai. Essai sur le ménage à domicile et le retour de la domesticité », aux Editions Raisons d'agir). A lire ! C’est assez percutant !
Mais ici et là, la situation évolue au prix d’intenses combats politiques. Et quand une femme occupe le pouvoir, les difficultés ne font parfois que commencer (Michèle Bachelet déclarait devant les chefs militaires chiliens lors de sa prise de fonction comme ministre de la Défense en 2002 : « Je suis femme, socialiste, séparée et agnostique. Je réunis quatre péchés capitaux. Mais nous allons faire du bon travail. »).
Osez le féminisme a ouvert en France un blog "Viedemeuf"pour mettre en lumière les inégalités femmes - hommes. Les témoignages y sont révélateurs des inégalités et violences que subissent encore les femmes aujourd'hui. Il est vrai que l'affaire DSK a encore contribué à libérer la parole (non sans excès parfois chez certains commentateurs...).
J'en reste là pour aujourd'hui et vous livre quelques photos de l'Assemblée des Femmes...
J. Gennen, 5 juin 2011
Copyright La chronique parlementaire 2009 - Editeur responsable Jacques Gennen
Site développé par Tictemium