Un chemin semé d’embûches pour Elio Di Rupo, pré-formateur…

J. Gennen, 18 juillet 2010

 A supposer qu’un accord soit trouvé sur le volet institutionnel, peut-il y avoir un accord sur le volet socio-économique de la future majorité fédérale ? La question peut être inversée, bien entendu…

On sait que le programme socio-économique de la N-VA est celui d’une droite pure et dure.

Bon nombre de déclarations et d’éditoriaux évoquent régulièrement des enjeux historiques comme la réforme institutionnelle, la diminution de la dette et l’assainissement des finances publiques. On parle moins du reste…

Nul doute que les négociateurs socialistes, même avec une marge de manœuvre réduite, auront à cœur d’appliquer à la Belgique le remède préconisé par Laurette Onkelinx pour l’Europe : " La focalisation de la politique européenne autour de la diminution des déficits publics peut entraver notre action d’inclusion sociale si on ne prend pas en compte les objectifs d’emploi et de cohésion sociale à côté des objectifs nécessaires d’assainissement des déficits publics.

L’Europe doit marcher sur ses deux jambes : l’économique mais aussi le social. Dans ce contexte, il est pour moi impératif d’accroître la convergence sociale de l’ensemble des pays européens vers un modèle social ambitieux."

Cette déclaration a été faite à l’occasion de la récente session du Conseil informel EPSCO (Conseil "Emploi, Politique sociale, Santé et Consommateurs") de l’Union européenne sur "La sécurité sociale et l’inclusion sociale".

(Riches de solidarité... Espérons que l'on restera... Photo d'archives J.G.)

Certains font de l'Allemagne un exemple, malgré son cavalier seul sur le plan économique.  Mais le Monde du 17 juillet 2007 titrait: "La pauvreté est devenue le lot quotidien de près de 7 millions d'Allemands" et "Le chômage a beaucoup baissé mais la précarité est institutionnalisée". Tout un programme...

Avant de réduire les dépenses sociales et de s'en prendre aux services publics, il faut faire l'inventaire des niches fiscales, appliquer les 108 mesures contre la fraude fiscale, mettre à contribution les banques et revoir la fiscalité pour mettre davantage à contribution les plus riches.

Et on sait combien la consommation intérieure est aussi importante pour la bonne santé économique et sociale d’un pays.

 Dans le dernier numéro de la revue « Alternatives économiques » (juillet-août 2010), L. Jeanneau et G. Duval soulignent les effets pervers des plans d’austérité concoctés dans divers pays européens : « … les plans d’austérité misent principalement sur une baisse des dépenses publiques et, en particulier, des dépenses sociales.

C’est la voie choisie par l’Allemagne qui veut notamment durcir encore les modalités d’indemnisation des chômeurs de longue durée. Et la France pourra difficilement faire autrement si le Gouvernement suit sa feuille de route.

Or, en faisant douter de la pérennité des filets sociaux de sécurité, ces politiques ont non seulement pour effet d’accroître les inégalités, mais aussi d’encourager l’épargne de précaution. La réduction de l’emploi public au moment où le chômage atteint des sommets contribue, elle aussi, à accroître les inquiétudes, et donc l’épargne. Aggravant encore la faiblesse de la consommation ».

Pour conclure ce petit éditorial, je ne résiste pas à l'envie de reproduire le communiqué de presse publié par ELio Di Rupo à la suite de sa désignation comme pré-formateur. C'est un modèle du genre dont tous les mots ont dû être pesés avec une balance de pharmacien pour souligner, sans tomber dans le catastrophisme, la gravité des enjeux et les difficultés de sa tâche.

"Le Roi m’a confié la mission de pré-formateur du Gouvernement fédéral. J’ai accepté cette mission.
Je tiens tout d’abord à remercier Monsieur Bart De Wever pour son travail d’informateur.
 
Dans le cadre de sa mission, l’informateur a notamment eu des contacts avec le Parti socialiste.
Malgré les énormes différences politiques, ces discussions se sont déroulées dans un climat constructif.
 
Nous avons notamment vérifié quels étaient les points de vue conciliables entre nos formations politiques.
Nous avons par conséquent pu constater les premières convergences.
 
Selon moi, il est maintenant nécessaire d’élargir et d’approfondir cette première base avec les autres familles politiques. Il est également nécessaire d’identifier celles qui sont susceptibles de former le prochain Gouvernement.
 
Le PS a toujours indiqué qu’il ne pouvait pas y avoir des propositions d'accord de Gouvernement sans les autres partis susceptibles de former une majorité.
Comme vous le savez, les souhaits institutionnels du Nord, du Centre et du Sud du pays sont manifestement différents.
 
Malgré ces différences, chacun reconnaît l’urgence d’un Gouvernement fédéral capable de répondre aux défis budgétaires, économiques et sociaux. L’urgence de former un Gouvernement est d’autant plus grande que le contexte international est incertain.
 
Vu l’expérience passée, je pense qu’il est sage de construire les bases les plus solides avant la formation du Gouvernement.
 
Afin d’assurer la meilleure transition avec la mission d’information, je rencontrerai à partir de la semaine prochaine, le plus souvent avec Bart De Wever, les principales formations politiques démocratiques.

Mesdames, Messieurs,
 
Nous vivons un moment clé de l’histoire de notre pays. Face à l’ampleur des enjeux, la responsabilité de tous les responsables politiques est énorme.
Je mesure bien les nombreuses difficultés qui doivent encore être surmontées.
 
Il appartient maintenant à chaque responsable politique de faire les compromis qui permettent la formation du Gouvernement fédéral.
Je travaillerai en toute discrétion, afin de construire un climat de travail respectueux et confiant pour aller plus loin dans les négociations.
 
J’appelle tous les partis à montrer leur sens des responsabilités.
Je demande aux médias, à vous, de bien vouloir comprendre la situation.
 
Merci pour votre attention
". (E. Di Rupo, 9 juillet 2010)

(Pas facile, le travail de pré-formateur! Photo: oeuvre de l'artiste anversois Yan Verschueren, expo Mont-Coris 2009, Grand-Halleux-Vielsalm)

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Agenda

  • 07-04-2013

    C’était le dimanche 7 avril 2013. Jean Maquoi, le frère du docteur Luc Maquoi à l’origine du Centre Médical Héliporté de Bra-sur-Lienne, ne cachait pas sa joie et son émotion : le soleil et près de 2000 personnes avaient répondu à l’invitation de son comité organisateur.

    Plus de 850 repas ont été servis à cette occasion !

    Jean Maquoi et son équipe peuvent compter sur 130 bénévoles, sur la collaboration des pompiers de Hamoir et de la police fédérale de même que sur l’aide d’entreprises de transport et d’autres firmes de la région.

    L’intégralité des bénéfices de cette belle manifestation est versée au CMH de Bra-sur-Lienne.

  • 04-01-2013 - 30-01-2013

    Le CMH de Bra-sur-Lienne a les honneurs d’une exposition photographique « Au coeur d’une zone rouge », à la Maison du Tourisme du Pays de Herve.

    On peut y admirer les superbes photos réalisées par Valentin Bianchi lors d’interventions réelles du CMH (en 2012, le CMH est intervenu plus de1000 fois !).

    Excellente idée que cette belle exposition car elle fait vivre au quotidien et sur le terrain les interventions d’un trio de choc : le médecin spécialiste, l’infirmier spécialisé en aide médicale urgente ainsi que le pilote de l’hélico.

A votre bonne attention

  • Voici quelques informations communiquées par le CMH de Bra-sur-Lienne.

    Trois interventions héliportées par jour !

    Au cours de l’année 2012, le Centre Médical Héliporté de Bra-sur-Lienne a réalisé 1028  missions par hélicoptère à la demande du 112.

    Pour la seconde année  consécutive, le CMH dépasse le seuil des 1000 interventions héliportées. Cette donnée confirme la place de l’hélicoptère dans les moyens de secours disponibles en Belgique.

  • Le best-seller surprise qui secoue la Flandre enfin traduit en français

    « Comment osent-ils ? La crise, l’euro et le grand hold-up » de Peter MERTENS (président du PTB) en collaboration avec David Pestieau, avec une préface de Dimitri Verhulst (Auteur de La merditude des choses). Quelques syndicalistes l’ont déjà lu et vous le recommandent.

    « Peter Mertens, comme nous, a raison de s’étrangler d’indignation dans son livre sur “La crise, l’euro et le grand hold-up”. (…) Oubliés le sauvetage des banques, les causes de l’endettement et de la crise. Ils ont réussi a retourner la situation et ils essaient maintenant de nous convaincre que tout cela, c’est notre faute : on gagne “trop”, notre sécu est “trop généreuse”, nos pensions “impayables”, nos services publics “pléthoriques”, nos chômeurs “paresseux”. (…)

  • Je lis sur ma page d’accueil Facebook les témoignages de Renée Gaspard, Patrick Davin, Gaston Blanchy, Jean-Claude Marcourt, Jean-Pierre Alexandre, Nathalie Bailly, André Brunelle, Christelle Thomas et de tant d’autres.

    Que dire encore ? Nos pauvres mots ne peuvent pas suffire devant ce terrible drame et tant de souffrance…

    Nous ne pouvons qu’exprimer notre révolte mais aussi notre empathie, notre solidarité. Au moins, elles n’ont pas de frontière même linguistique !
    J.G., 14 mars 2012

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