Le Parlement wallon ne pouvait faire l’impasse, ce mercredi sur la décision de Carrefour de se défaire d’un certain nombre de magasins et de supprimer au moins 1750 emplois directs (sans compter la perte d’emplois indirects, des conditions salariales moins intéressantes pour les employés conservant leur emploi en cas de changement de commission paritaire, etc.).
Aux questions de la Députée PS Olga Zrihen et d’autres, Jean-Claude Marcourt et André Antoine ont répondu comme ils le pouvaient, en rappelant les initiatives de concertation, la pression sur la Direction de Carrefour, les plans de reconversion, etc., etc.
Jean-Claude Marcourt n’a pas manqué de le souligner : ce dossier touche plus particulièrement des femmes qui constituent la majorité des personnes employées dans ces magasins.
Et il a ajouté : « Au niveau économique, des erreurs stratégiques ont conduit à cette situation. Pourtant, d'autres grands groupes gagnent des parts de marchés, avec des positionnements qui sont mieux reconnus comme ceux de Delhaize et de Colruyt.
Pourquoi Carrefour, qui était la première chaîne de distribution, est-elle passée aujourd'hui à la troisième position ? Cette erreur stratégique, ce sont les travailleurs qui vont la payer, et non les dirigeants qui sont partis ailleurs.»
Une erreur stratégique, mais aussi, comme cela a été rappelé à plusieurs reprises ces derniers jours, des erreurs d’appréciation quant aux enjeux commerciaux, des cadres belges remplacés par des managers français un rien méprisants vis-à-vis de notre système concertation sociale et du rôle des organisations syndicales, une mauvaise gestion des ressources humaines, etc.
ET ce ne sont évidemment pas les coûts salariaux qui sont en cause !
Les réponses ministérielles ne pouvaient que laisser un goût de trop peu au point que qu’Olga Zrihen n’a pu s’empêcher de conclure en ces termes : « Je remercie Messieurs les Ministres pour leurs réponses, qui ne peuvent que laisser chacun dans un état assez dépressif… »
Communiqué de presse de la FGTB (24.02.10)
Après Inbev et Opel, ce nouvel épisode du sordide feuilleton «Libéralisme, ton univers impitoyable» illustre à nouveau les mêmes sempiternelles dérives : absence de politique commerciale digne de ce nom et/ou logique financière guidée par le profit.
Ainsi, la décision de Carrefour de faire passer les travailleurs qui auront le «privilège» de rester dans une commission paritaire moins avantageuse avec des conditions salariales encore moins bonnes est tout à fait indécente, a fortiori quand l’on sait que les bonus de certains dirigeants ne seront encadrés qu’à partir de 2013.
Notons, par ailleurs, que la Belgique est intéressante pour le groupe Carrefour quand il est question d’ingénierie fiscale, beaucoup moins quand il s’agit d’emplois. En effet, via son centre de coordination en Belgique, le groupe bénéficia d’aides publiques pour un montant de 129.373.328 euros (année 2008).
En outre, cette nouvelle mise en danger de l’emploi vient remettre l’accent sur deux des préoccupations de la FGTB. Il s’agit, d’une part, du contrôle de disponibilité des chômeurs. Et l’on pense aux travailleurs qui, parmi les 1.672, risquent de faire l’objet de licenciements secs : devront-elles/ils aller se justifier et expliquer pourquoi ils ne trouvent pas du travail ?!
On pense, d’autre part, aux temps partiels, très nombreux dans ce secteur et chez Carrefour, avec 10.900 travailleurs sur un total de 15.698 pour le groupe Carrefour Belgique. Ces temps partiels sont surtout prestés par des femmes qui feront les frais de ces restructurations avec, à la clé, des allocations de chômage ridiculement basses (le chômage étant calculé, ne l’oublions pas, sur base du salaire).
La FGTB suivra l’évolution de la situation avec la plus extrême attention. Elle exige un geste politique fort et réclame, une nouvelle fois, que toute aide publique soit désormais conditionnée au maintien et à la création d’emplois."
A relever également: les propositions de loi des députés socialistes Alain Mathot, Marie Arena et Camille Dieu visant à lier les avantages fiscaux et les aides publiques à l’embauche, à des conditions de création ou de maintien de l’emploi.
J.G., le 27 février 2010
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