La séance de rentrée du Parlement de la Communauté française pouvait-elle se passer d’un débat sur les IPPJ après le meurtre d’une arrière-grand-mère et de sa petite fille par un jeune de 19 ans placé en IPPJ ?
Le MR ne s’est pas fait prier, si j’en juge d’après le compte-rendu analytique de la séance. Comme on s’en doutait, ses représentants n’ont pas fait dans la nuance et voici quelques morceaux choisis de leurs interventions : "Nous allons débattre du fonctionnement des IPPJ et de la loi du silence qui règne dans ces établissements (…). Aujourd’hui, la manière dont les choses fonctionnent, renforce le sentiment d’impunité " (Pierre-Yves Jeholet que j’ai déjà connu mieux inspiré …).
Françoise Bertieaux n’a pas été en reste : « Madame la Ministre, vous payez les erreurs du passé (…). Je vous invite à visiter ces institutions couvertes par la loi du silence. Vous découvrirez des choses qui sont tues devant le grand public et même au Parlement ».
Une telle affirmation qui n’a été étayée par rien de concret, faut-il le dire, est indigne d’un débat parlementaire. Mais bon, tout fait farine au moulin du MR …
Heureusement, on eu droit à des propos beaucoup plus positifs et raisonnables de la part de Damien Yzerbit, Annick Saudoyer et Yves Reinkin.
Damien Yzerbit a rappelé tout le travail de réflexion mené sous la législature précédente, à la suite d’auditions aussi intéressantes les unes que les autres et qui a débouché sur l’adoption d’une résolution que j’ai cosignée. Les projets pédagogiques des IPPJ ont été revus, le Parlement a précisé par décret le régime de sorties etc., etc.
Yves Reinkin : « Je ne veux pas tomber dans le délire sécuritaire ambiant où certains cherchent à faire croire que tout peut être évité, que le risque zéro existe et que c’est parce que les politiques n’agissent pas qu’une telle tragédie s’est produite ».
Evelyne Huytebroeck a rappelé que les autorisations de sorties sont données sous le contrôle d’un juge après un travail d’équipe en profondeur sur la trajectoire du jeune et son évolution. Elle a rappelé également que l’IPPJ de Wauthier-Braine a organisé depuis 1981 des milliers de sorties sans aucun incident majeur …
La Ministre : « Ce dossier n’est pas clos. Comptez sur moi pour le suivre de près, sans pour autant vouloir tout bouleverser, sans me laisser guider par les émotions ».
A l’évidence, on peut toujours améliorer les conditions d’encadrement et de sortie, mieux évaluer les effets des mesures prises dans les centres ouverts et fermés et adopter de meilleurs outils statistiques, comme l’a d’ailleurs souhaité Annick Saudoyer.
Je ne terminerai pas cette chronique sans y aller d’un coup de chapeau à toutes ces équipes qui travaillent au sein des IPPJ comme dans d’autres services d’aide à la jeunesse et qui donnent dans leur travail le meilleur d’elles-mêmes. Pour le surplus, si vous parcourez ma chronique parlementaire (www.jacquesgennen.be), vous y découvrirez tous mes commentaires et interventions sur cette problématique. Voir notamment mes chroniques du 13 avril 2007 et du 11 mars 2008.
Je me devais de mettre en évidence la première intervention en séance plénière de Malika Sonnet. Elle a interpellé la Ministre Evelyne Huytebroeck sur l’avenir des stages parentaux, ces stages que le juge peut imposer à certains parents de jeunes délinquants pour les amener vers une parentalité plus responsable.
Le stage parental fait partie de l’arsenal de mesures mises à disposition du juge dans le cadre de la loi de 1965. C’est, compte tenu de la répartition des compétences, la Communauté française qui doit mettre en œuvre de telles mesures, avec l’aide financière du Fédéral ….
La pertinence du stage parental est contestée par le Ministre de la Justice qui a décidé, sans concertation préalable avec la Communauté française, de lui occuper les vivres. C’est assez cavalier, faut-il le dire.
C’est vrai que d’aucuns estiment, comme la Ministre, sans nier pour autant le travail déjà réalisé par les équipes en place, que l’expression « stage parental » n’est sans doute pas la plus appropriée et que la mesure devrait être réévaluée.
Evelyne Huytebroeck a souligné qu’en tout état de cause, le Fédéral ne pouvait priver la Communauté française des moyens nécessaires à l’exécution de mesures (et spécialement les mesures alternatives à l’enfermement) prises en exécution de la loi de 1965.
JG, 26.01.10
Copyright La chronique parlementaire 2009 - Editeur responsable Jacques Gennen
Site développé par Tictemium