Jean-Claude Marcourt a répondu à de nouvelles interpellations sur l’accès aux études de médecine, en séance plénière du Parlement de la Communauté française.
Il a d’ailleurs averti ses collaborateurs. Ce thème reviendra sans doute tous les 15 jours à l’ordre du jour de la séance plénière du Parlement même s’il n’y a rien de bien neuf " alors que, précise le Ministre, les tables rondes sont en plein travail et qu’un groupe de travail spécifique sur les études de médecine humaine et sur les études de médecine vétérinaire a été créé. "Cela se passe un peu comme pour le décret « Inscriptions », prétexte à questions ou interpellations tous les 15 jours sous l’ancienne législature …
Dans sa réponse, Jean-Claude Marcourt en a profité pour faire le point sur les rétroactes de la problématique de l’accès aux études de médecine (et d’autres disciplines d’ailleurs). Je renvoie le lecteur au compte-rendu de séance publié sur le site du Parlement de la Communauté française.
Il a rappelé les quotas imposés par le Fédéral, l’instauration d’un numerus clausus par la Communauté française (sous une première puis une seconde formule), le phénomène inadmissible des reçus-collés (ces étudiants qui ayant réussi leur année se voyaient néanmoins interdire la poursuite de leurs études de médecine et enfin le moratoire qui permet aux « reçus-collés » de poursuivre leurs études après la première année, sans garantie pour leur avenir professionnel.
Jean-Claude Marcourt : « Primo, je n’ai jamais été favorable à un mécanisme de classement aveugle et d’élimination d’étudiants qui ont par ailleurs démontré leur motivation et leur capacité à poursuivre leurs études. Je suis donc contre le numerus clausus tel qu’il est prévu par la législation relative aux études de médecine et de dentisterie.
Secundo, il est fondamental d’avoir des mesures d’orientation, d’accompagnement et d’aide à la réussite qui permettent à chacun, selon ses facultés, d’atteindre le plus haut niveau de formation et garantissent la qualité et l’excellence de nos enseignements, et la reconnaissance de nos diplômes ».
A propos de la Directive européenne concernant la durée des études, le Ministre a rappelé que la formation spécialisée en médecine générale doit passer de deux à trois années.
Il a ajouté: " Dès lors, nous sommes face à un choix qui concerne également la problématique des écoles de santé. Soit nous faisons passer de neuf à dix le nombre d’années permettant à une personne d’exercer la médecine générale, soit, comme dans d’autres pays européens, nous ramenons le tronc commun des études de sept à six années, ce qui aurait d’ailleurs pour effet de réduire de dix à neuf le nombre d’années dans certaines spécialisations.
On maintiendrait ainsi le nombre d’années d’études à neuf pour les médecins généralistes".
Face à cette situation, Jean-Claude Marcourt a évoqué les deux réactions possibles.
Soit, « …nous abrogeons définitivement toutes les dispositions actives ou suspendues liées au numerus clausus et nous laissons la limitation d’accès à la profession s’organiser au sortir du deuxième cycle. »
Soit, « … nous tentons, dans l’intérêt des étudiants, d’organiser ces filières en conjuguant au mieux l’accessibilité aux études, la qualité de la formation et l’aide à la réussite, et ce, dans l’intérêt des étudiants. »
Et d'indiquer: « La première position me paraît cynique et peut-être intenable, au moins pour trois raisons.
D’abord, il n’est pas raisonnable humainement parlant de laisser planer le doute sur la reconnaissance professionnelle potentielle d’un étudiant durant tout son parcours d’études, soit durant neuf ou dix années, voire plus. En effet, si tous les étudiants ne veulent pas nécessairement pratiquer l’art de guérir, l’immense majorité d’entre eux veulent pratiquer la médecine, qu’elle soit générale ou spécialisée.
Ensuite, les formations concernées deviennent de plus en plus complexes et fortement ciblées sur des compétences professionnelles spécifiques qui restreignent les possibilités réalistes d’autres débouchés. Elles nécessitent donc une motivation particulière de la part des étudiants.
Enfin, les facultés ont mis en oeuvre des activités personnalisées d’enseignement, de formation de pointe. La pratique en petits groupes et les stages cliniques y occupent une place fondamentale et centrale.
Vous comprendrez aisément qu’il n’est pas possible de démultiplier de telles activités par simple décret ou engagement de personnel académique ou scientifique.
Cela dépend prioritairement de la structure de la patientèle dans nos hôpitaux universitaires, donc de notre population et de son comportement en matière de santé.
(…)
Les questions qui se posent sont délicates : comment concilier l’existence de quotas fédéraux avec le désir de nombreux jeunes d’entreprendre des études ; comment préserver la qualité de la formation tant sur le plan scientifique que de la qualité de vie, comment garantir le libre accès aux études ?
Je crois sincèrement qu’il est possible d’y répondre sans s’écarter de la Déclaration de politique communautaire.
(…)
Pour moi, il est inacceptable d’envoyer des étudiants à un échec certain. Si la réduction de la durée des études devenait une réalité, il est clair que la première année de baccalauréat verrait ses exigences élevées et la cadence des travaux accélérée.
Je ne vois pas pourquoi les étudiants qui s’engagent dans des études de médecine ne peuvent profiter des mêmes dispositions d’aide à la réussite qui leur permettraient de compenser certaines lacunes ou difficultés. Orienter les étudiants, dont le test d’aptitude aurait révélé quelques faiblesses, vers des activités complémentaires de remise à niveau durant le premier quadrimestre est une piste envisageable ».
De telles réflexions ont le mérite d'alimenter également le débat dans le cadre de la Table ronde, sans préjuger de ses conclusions. La décision de la FEF (Fédération des étudiants francophones) de suspendre sa participation à la Table ronde est bien regrettable.
Joëlle Kampompolé, députée PS, l’a souligné : « Je déplore cette attitude, d’autant qu’elle ne fait pas l’unanimité et, surtout, qu’elle n’apporte rien de constructif à la concertation qui doit avoir lieu dans les différents groupes de travail, notamment celui qui planche sur le numerus clausus. Claquer la porte n’a jamais aidé au dialogue.
Beaucoup d’étudiants veulent se faire représenter dignement à cette table ronde et porter une large réflexion sur l’avenir de l’enseignement supérieur.
Nous pourrions même nous interroger sur la crédibilité d’un retour à la table des négociations. »
Copyright La chronique parlementaire 2009 - Editeur responsable Jacques Gennen
Site développé par Tictemium